Infocatho



02.12.02 - Inde : L'inculturation et les réticences romaines.

Des évêques de l'Inde se déclarent mécontents des réticences manifestées par Rome à l'égard des traductions liturgiques en langue hindi.

Des traductions, ont-ils défendu lors de leur réunion triennale tenue récemment à Patna, qui sont pourtant pleinement conformes à la culture locale. Ils expriment la crainte que cette attitude ne vienne freiner le processus d'inculturation en cours dans l'Eglise en Inde.

Ils protestent devant les obstacles auxquels ils se heurtent pour obtenir des autorités compétentes romaines une approbation officielle pour les traductions hindi des textes liturgiques, réalisées par leur soin.

La "prière eucharistique" indienne (Indian Anaphora) avait été soumise à la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements en 1992. La traduction hindi du missel romain a été envoyée à Rome en 1990.

Or en mai 2001, la Congrégation a publié une instruction "Liturgiam Authenticam" (Cinquième instruction pour l'application de la Constitution sur la liturgie du concile Vatican II). Ce document insiste particulièrement sur la nécessité d'une traduction quasi-littérale des textes latins et sur le respect scrupuleux que les traducteurs doivent à leur style et à leur structure générale. , fait-on remarquer en Inde.

C'est chose impossible, a précisé Mgr John Osta, évêque de Patna, sans une traduction en large accord avec le système culturel populaire et l'esprit créatif des fidèles. Pour les évêques de l'Inde, la célébration de la liturgie en hindi avait pour but d'amener les fidèles à une plus grande participation.

Plus concrètement, le P. Jos De Cuyper, responsable d'une commission de traduction, a révélé à l'assemblée des évêques que son groupe, qui avait pratiquement achevé son travail, y compris la traduction du Missel romain, dans l'esprit des directives de Vatican II, encourageant la créativité et l'enracinement culturel, a été obligé de surseoir à la publication des textes, la Congrégation exigeant des traducteurs qu'ils évitent de trop se laisser influencer par la culture locale et révisent leurs textes de sorte qu'ils soient en stricte correspondance avec l'original latin.

Ces exigences vont à l'encontre des orientations données par les directives de Vatican II et par Jean Paul II lui-même dans les domaines de l'inculturation et de la liturgie. Elles nuisent à l'inculturation de la foi. Mgr Osta, érudit en langue hindi comme en sanskrit, a rapporté qu'il avait essayé personnellement de débattre de ce sujet avec les responsables de la congrégation. Mais les réponses de ces derniers n'avaient pas été positives.

Selon l'évêque de Patna, en exigeant une traduction littérale des textes latins, ils tentaient de sauvegarder l'unité du rite romain. Commentant cette remarque, l'évêque de Muzaffarpur, Mgr John Baptist Thakur, en a conclu que le problème qui préoccupait aujourd'hui l'épiscopat de langue hindi, c'était moins celui des traductions que celui de la mentalité romaine, "désirant tout contrôler par le haut, y compris l'expression de la dévotion de peuples culturellement différents".

S'exprimant dans le même sens, Mgr J. Rodericks, actuellement en retraite, s'est interrogé: "Les congrégations romaines sont-elles autorisées à restreindre d'une manière substantielle l'application de la décision prise par Vatican II d'introduire des éléments culturels locaux dans la liturgie ?"

Les prélats porteront à nouveau l'affaire devant la Congrégation. Mgr Rodericks a en outre suggéré de soulever le problème devant Jean Paul II lui-même lors de la prochaine visite ad limina du groupe d'évêques de langue hindi. Mgr Telesphore Ranci, président de la Conférence des évêques catholique de l'Inde, ayant pour sa part annoncé que le problème des traductions serait mis à l'ordre du jour de la prochaine réunion de la Conférence en janvier 2003. (source : eda)

Pour plus d'informations : Eglises d'Asie

Retour