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07.12.02 - Russie : L'enseignement religieux à l'école.

Le ministre de l'Education russe a pris des mesures visant à introduire le christianisme orthodoxe dans les programmes scolaires, une initiative qui a suscité un débat animé sur le caractère constitutionnel d'une telle démarche dans un Etat officiellement laïc.

Selon les informations transmises par l'agence ENI, le 6 décembre, le ministre de l'Education, Vladimir Filippov, a publié en novembre la description - 30 pages - d'un cours sur la "culture orthodoxe" qui pourrait, dans certaines conditions, être enseigné comme sujet facultatif dans les écoles gérées par les autorités publiques.

Or, il semble que le ministre ait pris cette décision sans consulter d'autres responsables, et plusieurs d'entre eux ont manifesté une certaine surprise. "Le document dégage un obscurantisme du moyen âge", écrit le journal "Gazeta" qui cite le porte-parole du gouvernement Alexei Volin. "Si le ministère de l'Education estime qu'il est nécessaire d'introduire des cours de religion, ceux-ci devraient inclure les fondements de toutes les religions dans le monde ainsi que l'histoire de l'athéisme".

Une représentante du ministère de l'Education a précisé à l'Agence ENI qu'elle n'avait pas eu connaissance du programme et que, de toute façon, elle était opposée à cette idée. En certains cas, le christianisme orthodoxe est déjà enseigné dans des écoles d'Etat, mais la publication du programme par le ministre Filippov est vue comme un soutien officiel à cette idée.

L'annonce du ministre faisait suite à une conférence tenue en octobre sur l'éducation qui rassemblait des représentants de l'Etat et de communautés religieuses - entre autres deux délégués présidentiels, des membres du Parlement et du ministère de l'éducation, et des responsables orthodoxes, musulmans, juifs et bouddhistes.

L'Eglise orthodoxe russe objecte depuis de nombreuses années que les cours sur le fait religieux, donnés habituellement par des professeurs formés sous le communisme dans le domaine de "l'athéisme scientifique", signifient qu'ils sont dispensés dans une perspective non religieuse.

Dans un message adressé à la conférence, le primat de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Alexis II, a souligné que "même si la foi ne doit pas être imposée, une approche sceptique de la religion ne devrait pas être présentée à des enfants et des étudiants comme la seule approche neutre, objective et scientifique".

Le cours sur l'orthodoxie ne sera pas donné par des prêtres mais par des professeurs laïcs reconnus par des institutions d'enseignement régionales. Des prêtres pourront cependant être des consultants, a précisé Kiprian Yashchenko, doyen du département de pédagogie de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Tikhon et l'un des concepteurs du programme.

Ravil Gainutdin, président du Conseil des muftis de Russie, a déclaré : "Nous ne sommes pas opposés à ce que nos frères orthodoxes essaient d'apprendre le maximum possible sur leur culture". Il a toutefois souligné que de tels cours devraient être volontaires et a déploré que les musulmans de Russie aient moins d'occasions que les chrétiens d'enseigner leur religion. Le mufti de Sibérie, Nafigulla Ashirov, se déclare, pour sa part, opposé au cours sur l'orthodoxie, "C'est, , dit-il, "une violation directe de la Constitution".

Le ministère de l'éducation a publié à la fin novembre une déclaration soulignant la nature volontaire du cours. Il annonce la diffusion prochaine d'une nouvelle version détaillée des propositions à des fins de clarification et pour éviter tout malentendu. (source : apic/eni)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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