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09.12.02 - Mariés, ils sont prêtres catholiques.

L'hebdomadaire catholique "La Vie" a publié les résultats d'une enquête sur les hommes mariés devenus prêtres catholiques avec l'accord du pape Jean Paul II.

En fait cette enquête concerne surtout l'Eglise catholique de rite latin, car de tous temps les Eglises orientales catholiques ont connu et connaissent l'ordination sacerdotale d'hommes mariés. Les normes en sont d'ailleurs précises. Le sacerdoce est donné à un jeune homme qui a pris une décision définitive soit pour le célibat, c'est-à-dire devenir moine, soit pour le mariage. Seuls les prêtres célibataires peuvent accéder à l'épiscopat.

Dans ces Eglises orientales de rite catholique, on compte près de 5.000 prêtres mariés, dont 750 sur 1.000 dans l'Eglise ukrainienne, 250 sur 600 dans l'Eglise maronite, 100 sur 300 dans l'Eglise melkite et seulement 4 sur 120 dans l'Eglise arménienne unie à Rome.

Dans les Eglises orthodoxes, dans l'Eglise Apostolique Arménienne, dans la Communion anglicane, ont été conservées les ancienne traditions concernant l'ordination sacerotale. L'Eglise ordonnait dans les premiers siècles des hommes mariés à la prêtrise et même à l'épiscopat. Première inflexion à cet usage: le concile d'Elvire, vers l'an 300, a demandé l'abstinence rituelle (la veille de l'eucharistie) au clergé marié, mais non la séparation des époux.

L'influence de Cluny qui non seulement réformait la vie monastique, mais aussi étendit progressivement cette vie monastique au clergé diocésain, dont la conduite parfois faisait souhaiter cette mesure. Avec le temps l'influence des moines se fit de plus en plus grande comme on le vit avec la réforme cistercienne. En 1139 que le concile Latran II a introduit une mesure disciplinaire interdisant le mariage des clercs.

Les Eglises orientales ne suivirent pas ce qui était en fait une décision d'un concile général, et non d'un concile oecuménique au sens strict du terme. Lors de leur union à Rome, la plupart d'entre elles conservèrent la discipline qui était la leur de tout temps.

Or depuis 20 ans, Jean Paul II a donné son accord à plus de 220 ordinations d'hommes mariés, le plus souvent pères de famille, anciens pasteurs protestants ou anglicans. Ils sont en ministère sacerdotal dans le Royaume-Uni (au moins 120), en Allemagne (20), aux USA et au Canada (70 à 80), en Belgique (1), aux Pays Bas (3).

Beaucoup d'entre eux étaient pasteurs dans les Eglises protestantes et surtout dans l'Eglise anglicane, qui sont ensuite "passés" au catholicisme. Le pape a accédé à leur désir d'exercer le ministère pastoral. "L'étonnant est qu'il est viscéralement attaché au principe du célibat. Il aurait pu refuser de leur accorder cette dérogation ou simplement leur demander de devenir diacres", souligne le journaliste de "La Vie", laissant entendre que Jean-Paul II a fait preuve d'une étonnante ouverture. Sans doute parce que la conversion de ces pasteurs au catholicisme ne pouvait le laisser indifférent.

Selon l'hebdomadaire "La Vie", qui a rencontré plusieurs de ces prêtres, tous ne vivent pas forcément bien cette situation. A tout le moins, l'ordination des hommes mariés, y compris de l'avis de ces derniers, n'est pas la panacée pour remédier à la crise des vocations.

Comment ces prêtres catholiques latins (non orientaux) mariés, leurs familles et les fidèles vivent-ils cette situation ? La réponse est loin d'être univoque, selon les déclarations qu'a recueilli l'hebdomadaire français. Il en cite quelques-uns.

Le Père Peter Gerland, aumônier catholique du campus de Cantorbery est très estimé de ses étudiants, et de son côté, il considère que sa femme "le rend meilleur et l'aide à soigner son ego surdimensionné".

Le Père Allan Hawkins, 68 ans, curé d'une paroisse catholique du Texas, marié depuis 38 ans, fait valoir quant à lui que "si l'Eglise doit être la première servie, cela n'implique pas que la famille vienne en second". Non sans préciser que la tâche lui est plus facile depuis que ses enfants sont adultes.

De fait concilier vie de famille et sacerdoce n'est pas simple, les prêtres orthodoxes et les prêtres catholiques orientaux le savent bien. C'est ainsi que le remarque le Père Ulrich Nölle, ancien pasteur luthérien, prêtre à Würzburg, en Bavière. "Je suis heureux de ma vie de prêtre marié. Mais c'est difficile. Certains n'ont pas tenu."

Mgr Michel Hrynchyshyn, évêque de l'Eglise catholique ukrainienne en France, et dont 75 % des prêtres sont mariés, est quant à lui formel : "Cela ne réglera rien de la crise de vocations sacerdotales." (source : lavie)

Pour plus d'informations : La Vie

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