09.12.02 - Imprudent, risqué, déconseillé.
La
position du cardinal Jorge A. Medina Estevez, publiée dans la revue
"Notitiae" du mois de novembre-décembre 2002, concernant l'ordination
des personnes à tendance homosexuelle suscite de nombreuses réactions.
Il faut dire que l'auteur de cette lettre n'est autre que l'ancien Préfet
de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements,
et que le sujet est l'un de ceux qui est sensible dans une partie de
l'opinion civile et religieuse.
Pour le cardinal Estevez, l'ordination au diaconat ou au sacerdoce des
personnes à tendance homosexuelle est "absolument déconseillée et imprudente
et, d'un point de vue pastoral, très risqué". Dans une lettre datée
du 16 mai 2002, lorsqu'il était encore en poste comme préfet de la Congrégation
pour le culte divin et la discipline, il avait répondu en ce sens à
un évêque catholique.
Cet évêque, dont le nom n'a pas été divulgué, avait
écrit à la Congrégation pour le clergé afin d'avoir une réponse claire
concernant l'ordination des hommes ayant des tendances homosexuelles.
La Congrégation pour le clergé avait transmis la requête à la Congrégation
pour le culte divin et la discipline des sacrements, aujourd'hui dirigée
par le cardinal nigérien Francis Arinze.
Après avoir également consulté la Congrégation pour la doctrine
de la foi et en "tenant compte des nombreuses causes instruites en vue
d'obtenir la dispense des obligations qui dérivent de l'ordination aux
ordres sacrés", le cardinal Medina Estevez avait repris les orientations
d'une lettre circulaire destinée aux évêques dans laquelle il était
donné des lignes directrices concernant les futurs candidats
à l'ordination.
Il y était écrit que les candidats doivent avoir "une maturité affective
suffisante et une claire identité sexuelle masculine".
Dans les prochains mois la Congrégation pour l'éducation catholique
devrait publier un documentsur le même sujet, destiné aux recteurs de
séminaires. Un homosexuel ne peut être ordonné prêtre en raison de l'influence
négative de l'homosexualité sur la prêtrise; cette position n'est pas
une norme arbitraire, mais une décision de prudence, déclarait déjà
ce printemps Joaquin Navarro-Valls, porte-parole du Vatican.
Une personne qui a une "orientation permanente" vers l'homosexualité
n'est généralement pas admise à la prêtrise et il s'agit selon le Vatican
d'une décision non de discrimination mais de prudence. Selon le Vatican,
le non accès des homosexuels au sacerdoce ne porte pas atteinte à leurs
droits, étant donné que "la prêtrise n'est pas une question de droit
humain, mais de grâce divine".
Aux Etats-Unis, le Père Thomas J. Reese, rédacteur en chef de la revue
jésuite américaine "America", affirmait pour sa part, le 11 novembre,
que des prêtres homosexuels sains et dévoués, vivant dans la chasteté,
apportent une contribution importante à la vie de l'Eglise. Le religieux
américain affirme que ceux qui veulent interdire l'ordination d'hommes
ayant des tendances homosexuelles doivent apporter la preuve de ce qu'ils
avancent, notamment le fait que les gays ne peuvent vivre dans la chasteté.
Il s'agit selon lui d'un "stéréotype largement répandu" qui est contredit
par les faits. Il en va de même pour la plus grande propension à la
pédophilie qu'auraient les gays en comparaison avec les hétérosexuels.
Le fait que certains abus sexuel commis sur des mineurs le soient par
un adulte du même sexe que la victime, vient en effet envenimer une
confusion trop fréquente entre homosexualité et pédophilie, estime le
jésuite américain.
La position des évêques suisses va dans ce sens, mais avec des nuances
non négligeables. "Une prédisposition homosexuelle vécue dans
la continence n'exclut pas du ministère ecclésial. Il faut toutefois
peser pour chaque cas les dangers ou les lourdes tentations que les
personnes homosexuelles pourraient subir dans un ministère ecclésial".
Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, reconnaissait
alors qu'il fallait attendre plus de prudence de la part d'une personne
homosexuelle au service de l'Eglise, "non pas parce qu'elle serait plus
faillible qu'une autre, mais parce que les gens pourraient être vite
scandalisés, quand bien même une telle personne vivrait dans la sainteté".
Si la personne concernée maîtrise sa sexualité, son témoignage pourrait
même être superbe, ajoutait-il.
Par contre, elle ne peut engager au service de la pastorale des homosexuels
en partenariat de vie. Cela vaut d'ailleurs également pour des partenaires
hétérosexuels qui vivent en couple sans être mariés, souligne le document
des évêques, qui insiste sur "le caractère unique du sacrement de mariage
chrétien confié à l'Eglise". (source : vis/apic)
Pour plus d'informations : Service de
presse du Vatican
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