16.12.02 - Afrique : La fuite des cerveaux.
De
nombreux prêtres africains se rendent chaque année en Europe
ou aux Etats-Unis pour y faire leurs études sacerdotales. Beaucoup
d'entre eux ne retournent plus dans leur pays d'origine.
Ils privent ainsi leurs diocèses et leur Eglise de leur compétence
pastorale. Cette présence est fort utile quand il s'agit d'animer
les communautés africaines qui se trouvent en France, en Belgique
ou ailleurs. Mais le nombre de ces prêtres qui se sédentarisent
en Occident, et surtout en France, est tel qu'il dépasse les
besoins de ces communautés immigrées. Les diocèses
ne livrent qu'avec réticence ces données, car elles sont
toutes à nuancer.
Les paroisses d'Europe sont alors heureuses de cette présence
qui vient, bien souvent, compenser la diminution des vocations. En fait,
elle assure, pour les paroissiens habitués, un style de vie paroissiale
faite de cérémonies et de réunions. La mission
dans les quartiers "blancs" éloignés de l'Eglise
est difficile à réaliser, alors que le nombre de missionnaires
européens partant en Afrique ne compense pas ces départs
définitifs hors du pays.
Le phénomène de la fuite des cerveaux ne préoccupe pas que les Eglises.
Il est à l'ordre du jour au niveau de certaines instances de l'Union
africaine. La récente conférence des ministres africains de l'éducation
(Minedaf VIII), tenue à Dar-Es-Salam du 2 au 6 décembre a d'ailleurs
reposé la question sur la table, à la suite des travaux de la Commission
économique des Nations-Unies pour l'Afrique, tenue récemment à Addis-Abéba.
Cette commission estime entre 10.000 et 20.000 les personnes hautement
qualifiées qui quittent chaque année le continent pour aller monnayer
leurs compétences ailleurs. En somme, entre 1960 et 1975 près de 27.000
cerveaux ont fui le continent et les effectifs ont atteint même 40.000
entre 1975 et 1984. La Banque Mondiale a estimé que le nombre de personnes
hautement qualifiées fuyant le continent était d'ailleurs beaucoup plus
élevé qu'on le pense.
Le rythme de sortie des cerveaux et de personnes hautement qualifiées
en Afrique s'accélère. Et l'estimation la plus partagée est que "la
diaspora intellectuelle africaine représente 30 % de la population hautement
qualifiée présente sur le continent". Les Etats-Unis d'Amérique et la
France constituent les principales destinations des cerveaux en fuite.
Un seul exemple donne à réfléchir. Le Ghana fait
partie des pays gravement affectés par le phénomène de la fuite des
cerveaux car il y a entre 600 et 700 médecins ghanéens qui officient
actuellement aux Etats-unis. Ces effectifs représentent la moitié des
médecins actuellement restés dans ces pays. Les associations caritatives
européennes ne peuvent compenser pleinement cette absence.
Au Nigéria, le total des cerveaux en fuite est estimé à 10.000 universitaires
alors que ceux qui sont restés au pays ne dépasserait guère 15.300.
C'est dire parfois que cette fuite compromet dangereusement les efforts
de développement des pays d'Afrique. Les associations de coopération
européennes peuvent envoyer quelques centaines de coopérant.
L'absence des autochtones est dommageable à longue échéance.
Le départ des prêtres catholiques africains hors de leur
continent a les mêmes conséquences. Il compromet aussi
le développement de la mission de l'Eglise, au moment même
où les instances musulmanes font un grand effort de présence
pour y développer l'Islam. (source : allafrica)
Pour plus d'informations : Agence
Allafrica
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