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21.12.02 - Libéria : Peut-être ce sera aussi Noël.

Le message de Noël de paix et de fraternité universelle ne semble pas atteindre facilement la terre brûlée du Liberia. Au désastre d'un conflit à peine achevé s'ajoute le drame du régime répressif du président Charles Taylor.

"Des membres de l'opposition arrêtés". "Douze réfugiés de retour dans le pays détenus auprès de l'Agence de sécurité nationale à Monrovia". "Activiste des droits de l'homme accusé de trahison". Malgré ces titres parus ces derniers jours dans les quotidiens de la capitale, l'heure de Noël a sans doute sonné aussi au Liberia.

Un pays qui cherche de construire son futur en effaçant les horreurs d'un passé récent. D'ici moins de 300 jours se tiendront les élections politiques et les présidentielles. "Tous ceux qui parlent d'un rendez-vous électoral libre et correct ne sont pas crédibles", assure un religieux.

"Chaque jour", poursuit-il, "nous vivons une situation de désagrégation de ce que l'on appelle la "dignité" qui est systématiquement piétinée et disparaît sous les coups des mensonges, de l'oppression et des hommes armés". Le régime répressif du président Charles Taylor est en en lutte contre la guérilla du LURD (Libériens Unis pour Réconciliation et Démocratie).

"Au-delà de chaque effort entrepris par les "pays forts", c'est-à-dire la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Union Européenne et la Communauté de l'Afrique Occidentale", dit encore le missionnaire, "il semble vraiment difficile de réaliser des pas en avant concrets sur le chemin de la paix".

De la frontière ivoirienne voisine souffle un vent de guerre. "Ce qui se passe en Côte d'Ivoire", poursuit notre interlocuteur, "n'est que le dernier exemple mais pas le moins significatif. Je crains malheureusement qu'il y en aura d'autres".

Les cartes de voeux en provenance du Liberia représentent, imprimés, les yeux des réfugiés de Tubmangburg, où les civils se sont échappés à cause de la violence des combats. Ou encore le visage creusé des réfugiés qui sont rapatriés après de longues années passées dans la Guinée voisine. "L'espoir?", s'interroge le religieux. "Il peut seulement dériver de la capacité des gens à résister, il peut seulement naître de la force de qui n'en n'a pas et de la voix des sans-voix".

Il y a quelques semaines, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a décidé de prolonger pour au moins 6 mois les sanctions contre le gouvernement de la Liberia. Une mesure voulue pour punir les violations répétées de l'embargo sur les armes dont le régime de Taylor est l'auteur et pour en éviter d'autres.

En octobre dernier, un groupe d'experts de l'ONU a constaté l'importation illégale de plus de 20.000 tonnes de munitions et de matériel belliqueux par les autorités de Monrovia. "Si l'opposition liberienne", tel est le souhait du missionnaire, "est prête à prendre en mains cette option, à savoir de permettre à la population de résister et de reprendre des forces, si l'opposition saura payer ce prix et écouter vraiment les gens, seulement alors nous pourrons espérer". Peut-être, conclut-il "c'est Noël aussi au Libéria". (source : misna)

Pour plus d'informations : Agence Misna

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