21.12.02 - France : Création difficile
du Conseil musulman.
Le
vendredi 20 décembre, les divers courants de l'islam de France
se sont réunis pour former le Conseil français du Culte
musulman, le CFCM, à la suite de nombreuses années de
vaines tentatives.
Poussés, pour ne pas dire forcés, par le ministre français
de l'Intérieur, ils ont du finalement se regrouper malgré
les divergences profondes entre des instances aussi différentes
que celles animées par le mufti de Marseille et celles de l'Union
des organisations islamiques de France proches des Frères musulmans.
"Il faut essayer de trouver un accord avec les gens de bonne volonté
en s'assurant que personne ne se sente laissé de côté", avait-il déclaré,
soulignant que "la complexité de la communauté musulmane impose modestie
et prudence". L'islam est la deuxième religion de France, pays qui compterait,
selon les estimations, quatre à cinq millions de musulmans. Le projet
réuni les responsables des sept fédérations islamistes, de cinq grandes
mosquées, et de six personnalités qualifiées.
Ce texte est l'aboutissement de la démarche engagée depuis l'été dernier
par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, pour promouvoir la
création d'une instance représentative de l'islam de France. Le ministre
avait passé cinq heures jeudi soir en compagnie des participants pour
les encourager à s'entendre sur le mode de désignation du futur Conseil
et sur la date des élections de son assemblée générale.
Tenant compte des rivalités de personnes et des courants, les statuts
des futures instances dirigeantes du Conseil français du culte musulman
(CFCM) sont d'une rare complexité. Pour le premier mandat, d'une durée
de deux ans, elles seront désignées par élection pour deux tiers et
par cooptation pour un tiers, sur la base du scrutin proportionnel.
Ce subtil dosage permet de donner une place à chacun des courants rivaux.
En revanche, le prochain renouvellement se fera uniquement par les urnes.
A noter que le CFCM prendra la forme d'une association loi 1901 financée
par les mosquées, et non par l'Etat français. Le CFCM sera dirigé par
un bureau exécutif de 16 membres, élu par le conseil d'administration.
Son président devrait être le recteur de la Grande mosquée de Paris,
Dalil Boubakeur, en vertu d'une liste établie durant les négociations.
Les deux vice-présidences seraient confiées aux autres signataires :
le secrétaire général de l'Union des organisations islamiques de France,
l'UOIF, orthodoxe, et proche des Frères musulmans Fouad Alaoui et le
président de la Fédération nationale des musulmans de France, la FNMF,
à dominante marocaine Mohamed Bechari.
Le secrétariat général reviendrait au représentant du Comité de coordination
des musulmans turcs de France et la trésorerie au recteur de la Grande
mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. En feront également partie le grand
mufti de Marseille, d'influence libérale, Soheib Bencheikh, et la seule
et unique femme des négociations, Betoule Fekkar-Lambiotte.
Un Conseil d'administration, constitué de 60 représentants élus dans
les régions, élira le bureau de ce Conseil. Une assemblée générale,
le "Parlement" du CFCM, comptera 206 membres, élus par les délégués
des 1.500 mosquées de France dans 25 régions électorales à une date
non déterminée.
Pour le premier mandat, en plus des 154 personnes élues, seront ajoutés
d'office les 42 membres de la Consultation sur l'islam de France (COMOR)
et dix personnalités qualifiées (dont cinq femmes).
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