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23.12.02 - Centrafrique : Loin des caméras occidentales.

Face à l'aggravation de la crise en République Centrafricaine, passée sous silence complet des médias, la Conférence épiscopale lance un appel dramatique à l'Occident.

"Au nom du premier principe clé de la Charte des Droits de l'homme, le droit de vivre dans la dignité, nous, évêques de Centrafrique" lit-on dans un document signé par le président de la Conférence épiscopale, Mgr Paulin Pomodimo, "invitons les belligérants à ouvrir des couloirs humanitaires qui permettront aux agences et services compétents d'apporter de l'aide aux populations sinistrées".

... "C'est un cri de détresse de la population centrafricaine qui gémit, pleure et enterre ses fils et ses filles en silence, loin des caméras des pays occidentaux". En effet, pillages, vols, violences et exactions en tous genres contre les civils sont encore perpétrés par les rebelles de Bozizé et par les miliciens congolais de Jean-Pierre Bemba, venus épauler l'armée gouvernementale à l'occasion de l'attaque insurrectionnelle du 25 octobre.

Le nord du pays, touché par cette situation dramatique compte plus d'un million d'habitants. A Bossembélé, ville située à 95 kilomètres au nord-ouest de Bangui, les troupes de Bemba ont pillé le centre de santé et la pharmacie publique. Le dépôt pharmaceutique préfectoral de l'Ombella Mpoko, qui dessert les Sous Préfectures de Bossemblélé, Yaloké et Boali, soit une population de 160.000 personnes, a fermé ses portes, le personnel ayant fui les accrochages du 23 au 24 novembre 2002. Les résidences du maire, du curé et des religieuses ont également été pillées.

A Damara, à une soixantaine de kilomètres de la capitale, la population a servi de bouclier humain aux rebelles lors des bombardements de l'aviation libyenne, présente en Centrafrique pour appuyer les troupes gouvernementales.

L'hôpital de Batangafo, lit-on toujours dans ce document, est en rupture de stock de médicaments. La ville a été pillée par les rebelles de François Bozizé avant d'être bombardée par l'aviation libyenne. La population s'est réfugiée dans les champs.

La liste des immeubles détruits compte l'hôpital régional, le bloc opératoire, le dépôt pharmaceutique préfectoral, les locaux de la mairie, les sièges de la coopération allemande et d'une ONG italienne, le centre culturel catholique, les installations de la société centrafricaine de télécommunications.

"L'évêché" écrit Mgr Pomodimo, évêque de la ville, "a été démoli avec une rare violence, on ne sait pas pourquoi. Des missionnaires ont été frappés, ligotés, torturés et un prêtre centrafricain ainsi qu'un journaliste de la radio du diocèse et deux gardiens ont été tués."

Avant que la République Centrafricaine ne sombre dans un tourbillon de violence, les évêques appellent les grandes puissances et la communauté internationale à tout mettre en oeuvre pour faciliter la tenue du dialogue politique sans exclusive. "L'Eglise" conclut le document, "condamne la violence sous toutes ses formes. Elle prône l'amour, la paix, la justice, le respect de la personnes humaine, le pardon, la tolérance, la réconciliation". (source : misna)

Pour plus d'informations : Agence Misna

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