26.12.02 - Noël
en Centrafrique et en RD Congo.
"Ce sera un Noël triste que celui que nous nous apprêtons à vivre. Le
Noël le plus triste depuis que je suis arrivé en Centrafrique", a fait
savoir un missionnaire à l'agence Misna.
Il a préféré garder l'anonymat pour des raisons
de sécurité, car il se trouve le long de "la ligne de frontière" imaginaire
qui divise la partie du pays aux mains des troupes gouvernementales
de la zone septentrionale de la République Centrafricaine, contrôlée
par les rebelles fidèles à l'ex chef d'Etat-major, le général François
Bozizé.
"Le pays est divisé en deux, dit-il. La zone sous contrôle des rebelles
semble presque avoir disparu. De cette zone n'arrive aucune nouvelle
et les informations sporadiques que l'on peut obtenir sont celles racontées
par qui a réussi d'une façon ou d'une autre à s'enfuir des villages
aux mains des fidèles de Bozizé."
... "Comment pouvons-nous fêter la joie de Noël quand il y a des personnes
qui meurent et d'autres qui subissent de grandes souffrances. Ce sera
une fête commémorée avec un ton mineur car cela fait longtemps aussi
que nous n'avons pas de nouvelles de nos confrères qui se trouvent dans
les zones contrôlées par les rebelles. Comment se passera leur Noël
et comment le fêteront les civils de ces zones ?"
... "Nous avons réduit au minimum les célébrations, d'autre part ici
à 18 heures il fait déjà sombre et avec la tombée de la nuit les risques
augmentent pour la population."
Les rebelles ont été protagonistes d'un coup d'Etat le 25 octobre dernier,
tentant de renverser le gouvernement d'Ange Félix Patassé. Repoussés
de la capitale Bangui, ils rebelles ont commencé à conquérir les principales
villes du nord du pays qu'ils contrôlent aujourd'hui en grande partie.
Ils sont accusés de bénéficier de l'appui du Tchad.
"Le pire c'est le climat lourd d'incertitude et d'insécurité continue
qui se respire un peu partout. C'est terrible de ne pas savoir ce qui
peut t'arriver demain. Bon Noël à tous quand même", conclut le missionnaire.
En République Démocratique du Congo, un peu d'espoir est
né en raison des pourparlers qui semblent conduire à la
paix entre les différentes parties d'un conflit dont les intérêts
financiers sont la raison même.
" La population de la zone nord de Beni, dans l'est de la République
démocratique du Congo (RDC) se prépare à vivre un Noël plein de peur,
témoigne Mgr Melchisedec Paluku Sikuli, évêque de Butembo-Beni. Les
gens fuient massivement dette région, cherchant un abri vers le sud
dans la crainte de nouveaux combats. Les troupes du Mouvement de Libération
du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba pourraient arriver à Beni dès mardi."
Selon des sources locales, au moins 60'000 personnes se déversent en
masse vers les zones méridionales de l'Ituri. Un flux constant poussé
par l'implacable et violente avancée des forces de Bemba, appuyées par
les hommes de Roger Lumbala qui guide les miliciens du RCD-National
et par les rangs de Thomas Lubanga, un des "seigneurs de la guerre"
à la tête de l'Union des Patriotes Congolais (UPC).
Selon Mgr Sikuli, Bemba et ses alliés ont l'intention de chasser de
l'Ituri les hommes du RCD-ML de Mbusa Nyamwisi. "Si ces messieurs parviennent
à prendre Beni, ils marcheront certainement vers Butembo. Leur intention
est celle de contrôler toute la zone nord orientale de l'ex Zaïre, un
territoire riche en or, diamants, coltan et bois", explique-t-il.
Malgré les accords signés la semaine dernière à Pretoria (Afrique du
Sud) entre les groupes rebelles et le gouvernement de Kinshasa, l'évêque
n'est pas optimiste. "Il y a un grand intérêt de la part de nombreux
protagonistes de la crise congolaise", poursuit-il, "au niveau national
comme international, pour que cette situation de confusion extrême et
continue se maintienne."
... "Une situation dans laquelle nombre de personnes se sont enrichies
et continuent à le faire. Le fait est que ce sont les civils innocents
qui en payent le prix alors qu'ils n'ont rien à voir avec le partage
du pouvoir et de l'argent".
... "Nous espérons ne pas devoir assister en cette veille de Noël à
l'énième triste spectacle. Pour le moment nous avons déjà été contraints
de prendre quelques précautions: la messe de minuit sera par exemple
célébrée à 16 heures", témoigne encore Mgr Sikuli. "Avec la tombée de
la nuit la situation est plus dangereuse encore et il serait bien qu'à
18 heures 30 chacun soit déjà chez soi, barricadés en priant pour réussir
à survivre encore à cette énième épreuve et en réussissant à fêter Noël
malgré la peur". (source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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