18.01.03 - Principaux extraits de la notre
doctrinale.
La
Note doctrinale de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à propos
de questions sur l'engagement et le comportement des catholiques dans
la vie politique, a été rendue publique le 16 janvier
2003.. Elle s'adresse aux évêques, mais aussi aux hommes politiques
catholiques et à tous les fidèles appelés à participer à la vie politique
des sociétés démocratiques.
Datée du 24 novembre dernier, Solennité du Christ-Roi, cette Note porte
la signature du Cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation,
et de Mgr.Tarcisio Bertone, SDB, alors Secrétaire. Publié en anglais,
français, espagnol, italien, allemand et portugais, ce texte comprend
une introduction, quatre chapitres et une conclusion. En voici des extraits,
choisis par le VIS - Vatican Information Service.
"I. UN ENSEIGNEMENT CONSTANT.
... " En deux mille ans d'histoire, l'engagement du chrétien dans
le monde s'est réalisé de manières diverses. L'une d'elles a été la
participation à l'action politique.
... " Parmi ses saints, l'Eglise vénère bien des hommes et des
femmes qui ont servi Dieu par leur engagement généreux dans les activités
politiques et de gouvernement. Parmi ceux-ci, saint Thomas More, proclamé
Patron des Gouvernants et des Politiciens, a su témoigner jusqu'à la
mort de 'la dignité inaliénable de la conscience'... Par sa vie et par
sa mort, il a affirmé que 'l'homme ne peut séparer de Dieu, ni la politique,
ni la morale'
... " Les fidèles laïcs qui, guidés par la conscience chrétienne,
accomplissent les devoirs civils communs selon les valeurs conformes
à cette conscience, remplissent aussi leur tâche d'animer chrétiennement
l'ordre temporel.
... " La présente Note ne prétend pas proposer de nouveau tout
l'enseignement de l'Eglise sur le sujet. Celui-ci a d'ailleurs été résumé
pour l'essentiel dans le Catéchisme de l'Eglise Catholique. Elle veut
simplement rappeler quelques principes qui inspirent la conscience chrétienne,
dans l'engagement social et politique des catholiques au sein des sociétés
démocratiques".
"II. QUELQUES POINTS ESSENTIELS DANS LE DEBAT CULTUREL ET POLITIQUE
ACTUEL.
... "On constate aujourd'hui un certain relativisme culturel qui
se révèle, dans sa nature, comme un système et une défense d'un pluralisme
éthique favorable à la décadence et à la dissolution de la raison et
des principes de la loi morale naturelle. Suite à cette tendance, il
n'est malheureusement pas rare de rencontrer, dans des déclarations
publiques, des assertions qui soutiennent qu'un tel pluralisme éthique
est la condition de la démocratie".
... "Cette conception relativiste du pluralisme n'a rien à voir avec
la légitime liberté qu'ont les citoyens catholiques de choisir, parmi
les opinions politiques compatibles avec la foi et la loi morale naturelle,
celle qui correspond le mieux aux exigences du bien commun, selon leur
critère propre. La liberté politique n'est pas fondée sur l'idée relativiste
selon laquelle toutes les conceptions du bien de l'homme ont la même
vérité et la même valeur".
... " Si le chrétien est tenu 'd'admettre la légitime multiplicité
et diversité des options temporelles', il est aussi appelé à s'opposer
à une conception du pluralisme adaptée au relativisme moral, nocive
à la vie démocratique elle-même. La vie démocratique a besoin de fondements
vrais et solides, c'est-à-dire de principes éthiques que leur nature
et leur rôle de fondement de la vie sociale rendent non négociables...
La structure démocratique sur laquelle se construit un état moderne,
serait plutôt fragile si elle ne prenait pas comme fondement la centralité
de la personne. De fait, seul le respect de la personne rend possible
la participation démocratique".
... " Le progrès de la science a, en effet, permis d'atteindre des objectifs
qui ébranlent les consciences et obligeraient à trouver des solutions
capables de respecter les principes éthiques d'une manière cohérente
et solide."
... " Dans la continuité avec l'enseignement constant de l'Eglise,
Jean-Paul II a maintes fois répété que ceux qui sont engagés directement
dans les instances législatives ont 'une obligation grave et précise
de s'opposer 'à toute loi qui s'avère un attentat à la vie humaine'.
Pour eux, comme pour tout catholique, existe l'impossibilité de participer
à une campagne en leur faveur, et il n'est permis à personne de les
soutenir par son vote."
... " Dans ce contexte, il est nécessaire d'ajouter que la conscience
chrétienne bien formée ne permet à personne de favoriser par son vote
une loi ou un programme politique, dans lesquels le contenu fondamental
de la Foi ou de la morale seraient détruits".
... " Quand l'action politique se confronte avec des principes moraux
qui ne permettent pas de dérogation, d'exception, ni aucun compromis,
alors l'engagement politique des catholiques devient plus évident et
chargé de responsabilités. En face de ces exigences éthiques fondamentales,
auxquelles on ne peut renoncer...est en jeu l'essence de l'ordre moral,
qui concerne le bien intégral de la personne."
... " C'est le cas, par exemple, des lois civiles en matière d'avortement
et d'euthanasie (à ne pas confondre avec le renoncement à l'acharnement
thérapeutique, qui du point de vue moral est légitime aussi). Ces lois
doivent protéger le droit primordial à la vie à partir de la conception
jusqu'à son terme naturel. De la même manière, il faut rappeler le devoir
de respecter l'embryon humain et de protéger ses droits."
... " De la même façon, il faut sauvegarder la protection et la
promotion de la famille, fondée sur le mariage monogame entre personnes
de sexe différent, et la préserver dans son unité et sa stabilité, en
face des lois modernes sur le divorce: d'autres formes de convivence
ne peuvent lui être égalée juridiquement en aucune manière, ni recevoir
en tant que telles une reconnaissance légale".
... " De même, la garantie de la liberté d'éducation des enfants est
un droit inaliénable des parents, reconnu entre autre par les Déclarations
internationales des droits de l'homme. On devrait penser aussi à la
protection sociale des mineurs et à la libération des victimes des formes
modernes d'esclavage (par exemple, la drogue et l'exploitation de la
prostitution)."
..." On ne peut exclure de cette liste le droit à la liberté religieuse
et le développement dans le sens d'une économie qui soit au service
de la personne et du bien commun, dans le respect de la justice sociale,
du principe de solidarité humaine et de la subsidiarité... Comment ne
pas voir, enfin, au travers de ces exemples, le grand thème de la paix!
... La paix, qui est toujours 'l'oeuvre de la justice et l'effet de
la charité', exige le refus radical et absolu de la violence et du terrorisme.
Elle demande un engagement constant et attentif de la part de ceux qui
exercent une responsabilité politique".
"III. PRINCIPES DE LA DOCTRINE CATHOLIQUE SUR LA LAICITE ET LE PLURALISME.
Pour la doctrine morale catholique la laïcité est comprise comme une
autonomie de la sphère civile et politique par rapport à la sphère religieuse
et ecclésiastique, mais non par rapport à la sphère morale. C'est une
valeur, reconnue par l'Eglise, que l'on acquiert et qui fait partie
du patrimoine acquis de civilisation. Jean-Paul II a mis en garde plusieurs
fois contre les périls qu'entraîne toute confusion entre la sphère religieuse
et la sphère politique.
... " Les citoyens catholiques ont le droit et le devoir, comme
tous les autres, de rechercher sincèrement la vérité, de promouvoir
et de défendre par tous les moyens licites, les vérités morales sur
la vie sociale, la justice, la liberté, le respect de la vie et les
autres droits de la personne. Le fait que certaines de ces vérités soient
aussi enseignées par l'Eglise ne réduit en rien la légitimité civile
et la laïcité de l'engagement de ceux qui se reconnaissent en elles,
indépendamment du rôle joué par la recherche rationnelle et la confirmation
reçue de la Foi, dans la manière de les connaître.
... " Ce serait une erreur de confondre la juste autonomie que
les catholiques doivent avoir en politique, avec la revendication d'un
principe indépendant de l'enseignement moral et social de l'Eglise".
"Vivre et agir politiquement en conformité avec sa conscience ne revient
pas à un entérinement servile de positions étrangères à l'engagement
politique ou d'une forme de confessionalisme. C'est plutôt l'expression
par laquelle les chrétiens offrent leur contribution cohérente pour
qu'à travers la politique s'instaure un ordre social plus juste et plus
adéquat à la dignité de la personne humaine."
... " Ceux qui, au nom de la conscience individuelle, voudraient
voir dans le devoir moral qu'ont les chrétiens d'être cohérents avec
leur conscience, un signal pour les disqualifier politiquement et leur
refuser le droit d'agir en politique conformément à leurs convictions
sur le bien commun".
IV. CONSIDERATIONS SUR DES ASPECTS PARTICULIERS.
... " Dans des circonstances récentes, il est arrivé que même à
l'intérieur d'associations ou d'organisations politiques chrétiennes,
émergent des orientations en faveur de forces et mouvements politiques,
qui ont pris, sur des questions politiques fondamentales, des positions
contraires à l'enseignement moral et social de l'Eglise". De tels choix
"ne sont pas compatibles avec l'appartenance à des associations ou à
des organisations qui se définissent comme catholiques.
... " Il ne faut pas penser, ce serait réducteur, que l'engagement
des catholiques puisse se limiter à une simple transformation des structures.
En effet, si à la base il n'y a pas une culture capable de recevoir,
de justifier et de transformer en projets les exigences qui dérivent
de la Foi et de la morale, les transformations reposeront toujours sur
des fondements fragiles.
... " Dans une société où la vérité n'est pas recherchée, où on
ne cherche pas à la rejoindre, toute forme d'exercice authentique de
la liberté est aussi affaiblie. Cela ouvre la voie à un libertinisme
et à un individualisme qui nuisent à la protection du bien de la personne
et de la société toute entière".
... "A ce propos, il est bon de rappeler une vérité qui n'est pas toujours
perçue et n'est pas formulée comme il se doit dans l'opinion publique
commune: le droit à la liberté de conscience et spécialement à la liberté
religieuse, proclamé par la Déclaration 'Dignitatis Humanae' du Concile
Vatican II. Elle se fonde sur la dignité ontologique de la personne
humaine, et non certes sur une égalité entre les religions, ou entre
les systèmes culturels humains.
... "L'affirmation de la liberté de conscience et de la liberté
religieuse ne contredit donc absolument pas la condamnation de l'indifférentisme
et du relativisme religieux de la part de la doctrine catholique. Au
contraire elle est pleinement cohérente avec elle".
V. CONCLUSION. Les orientations données dans cette Note veulent éclairer
un des aspects les plus importants de l'unité de la vie chrétienne,
rappelée par le Concile Vatican II : la cohérence entre la Foi et la
vie, entre l'Evangile et la culture".
Service de presse du Vatican
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