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29.01.03 - Porto Alegre : Peut-on esquisser un bilan ?

Dresser le bilan d'un événement mondial est toujours une opération complexe, à plus forte raison lorsqu'au cours d'une seule semaine se sont tenus 1260 séminaires répartis en six heures journalières, avec en plus 15 conférences, trois par jour pendant presque tout l'après-midi.

"Un monde nouveau est possible". "Démocratiser la communication", au sens large, semble être, selon sœur Maria Trigila - une des participantes assidue aux travaux - le mot d'ordre qui a uni les milliers de personnes présentes aux travaux de Porto Alegre. Et la question "Comment créer des synergies?" a fait partie intégrante de la trame du Forum. Créer des synergies, afin que la justice sociale et économique ne permette plus à la logique du marché de continuer à évaluer la personne humaine d'après le cliché de la demande et de l'offre.

La communication est un droit humain fondamental. Mais comment peut-on démocratiser la communication, par exemple, dans les Pays où la communication elle-même est interdite ou transformée en un instrument au service de l'image du pouvoir politique? Ou dans les nations telles que l'Ethiopie, où les gens ne peuvent avoir aucun accès aux moyens de communication de masse, à l'exception d'une minorité très restreinte?

L'Observatoire International des Médias, inauguré au Forum Social, se propose d'entreprendre une critique à l'encontre de la globalisation néo-libérale, surtout à l'encontre du monde de la "violence symbolique" ou de l'agression idéologique. Tout le monde sait - a-t-on observé durant les travaux - que le grand acteur de la globalisation est aujourd'hui le groupe médiatique qui ne favorise point un climat culturel de légitimité.

Le Forum a souligné l'opportunité de créer un "Agenda social de communication" pourrait mettre en évidence une nouvelle tendance: une participation et une organisation sociale plus grandes. Et tout en sauvegardant la différence ethnique et culturelle, on pourrait envisager l'adoption d'une déontologie professionnelle au service de l'honnêteté et non du pouvoir ou du patron.

"Il n'est point besoin de parler de paix, il faut construire la paix", a-t-on réclamé maintes fois ces jours-ci. Mais ce sont surtout les pays arabes et les Palestiniens en guerre qui ont mis l'accent sur cette revendication.

Il faut également reconstruire la citoyenneté, sans permettre à l'économie de prévaloir sur la politique, car aucune culture ne saurait justifier le génocide silencieux du terrorisme, du fanatisme religieux, du marché ou de ceux qui occupent 80% de l'espace télématique. C'est ce que la communauté du Forum demande à la société planétaire.

Sœur Teresina Deretti, économe provinciale de Porto Alegre depuis dix ans et qui est tous les jours en contact avec les sœurs missionnaires parmi les indigènes ou dans les quartiers de banlieue, constate que la question de fond de la crise actuelle au Brésil est "l'hégémonie de l'économie sur la société". Nous vivons dans un monde qui vit "à l'envers": au lieu d'avoir une "économie au service la société, c'est la société qui se soumet à l'économie".

A son avis, il y a une sorte de "divorce entre la production, très abondante, et les exigences humaines. Il paraît que la globalisation capitaliste spécule sur la santé économique, notamment sur celle des pauvres. Le monde n'est pas un marché", conclut sœur Teresina. La question qui se pose est donc: "quelle économie construire pour servir la société?". Commencer tout d'abord par redistribuer la richesse mondiale. (source vid)

Pour plus d'informations : Agence VID

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