15.02.03 - USA : Le "mur de Berlin"
de la pauvreté.
Chaque
année, des milliers de migrants mexicains risquent leur vie en tentant
de traverser la frontière de 3.200 kilomètres entre le Mexique et les
Etats-Unis, véritable "Mur de Berlin de la pauvreté".
C'est une tragédie à l'abri du regard des médias qui a déjà coûté la
vie à des centaines de migrants à la recherche de l'Eldorado américain.
En effet, en un an, du 30 septembre 2001 au 30 septembre 2002, ce ne
sont pas moins de 163 migrants, selon les statistiques officielles,
qui ont perdu la vie en voulant traverser la frontière.
Venus chercher du travail, ils sont morts de soif, d'épuisement ou victimes
de la chaleur. Quasiment en une année l'équivalent des personnes tuées
pour avoir tenté de franchir le "Mur de Berlin".
"Les gens meurent dans notre arrière-cour", déplore Robin Hoover, directeur
de "Humane Borders", dont le siège se situe dans l'Etat de
l'Arizona. Cette ONG américaine apporte une assistance humanitaire -
surtout de l'eau potable - à ceux qui tentent de traverser la frontière.
Ceux qui meurent sont la proie d'un désert impitoyable et inhospitalier.
Mais ils sont également victimes - dénoncent les groupes d'entraide
- d'une politique fédérale inhumaine. Les mesures de dissuasion gouvernementales
obligent en effet les Mexicains qui veulent travailler aux Etats-Unis
à risquer leur vie en traversant des zones dangereuses, comme le désert
du sud-ouest de l'Arizona.
"Utiliser le désert comme un instrument de dissuasion est absolument
immoral", dénonce Robin Hoover, un pasteur de l'Eglise chrétienne des
Disciples du Christ. L'organisation "Humane Borders" a installé
sa première station de distribution d'eau en mars 2001. Depuis lors,
elle a distribué chaque année à ceux qui tentent de traverser la frontière
plus de 35.000 litres d'eau à partir d'une dizaine de stations. L'organisation
pense avoir sauvé, grâce à cette aide, la vie de centaines de migrants.
Distribuer de l'eau, estime le groupe, ne va pas augmenter le taux de
la migration - "personne ne vient ici juste pour boire de l'eau", déclare
Robin Hoover au correspondant de l'agence de presse ocuménique ENI.
"Cette assistance ne vise pas à encourager les gens à traverser la frontière
ou à commettre des actes illégaux."
Ce que dénoncent principalement Robin Hoover et d'autres, c'est que
le renforcement des mesures le long de la frontière entre les Etats-Unis
et le Mexique oblige ceux qui tentent d'entrer aux Etats-Unis à s'exposer
à des risques mortels, car il est très difficile de traverser l'Ouest
de l'Arizona.
Les menaces de terrorisme servent d'excuse. "L'on ne peut déjà pas transporter
de l'eau dans cette région, et encore moins un engin explosif", dit-il.
"Si l'on veut accepter le libre mouvement des capitaux, l'on devrait
accepter le libre déplacement de la main- d'oeuvre, des Mexicains qui
ont entre 19 et 24 ans, des hommes qui veulent travailler", même si
le nombre des femmes, parfois avec enfants, est en augmentation.
Les bénévoles et partisans de "Humane Borders" sont principalement
membres des Eglises protestantes historiques et de celles qui ont une
longue tradition pacifiste, même si Robin Hoover affirme que le travail
de son groupe et celui d'autres organisations humanitaires est aussi
soutenu par des bouddhistes, des juifs et des catholiques romains. "C'est
une question de justice", souligne Stan de Voogd. "La frontière est
une invention - quelque chose qui ne s'inscrit pas dans la conception
du monde par Dieu." (sourc : apic/eni)
Pour plus d'informations : Agence ENI
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