Infocatho




22.02.03 - Philippines : Violences à Mindanao .

Au cours de deux épisodes récents de violence dans l'île de Mindanao, il y a eu 16 personnes tuées lors d'attaques de membres de groupes de rebelles.

A cette occasion l'agence vaticane Fides dresse un panorama de la situation à Mindanao.

Dans le village chrétien de Calauit, dans le diocèse de Dipolong, sur la péninsule de Zamboanga, les rebelles ont tué 14 chrétiens, d'après les sources militaires philippines. Malgré le cessez-le-feu signé en 2001 avec les rebelles du " Moro Islamic Liberation Front ", la violence dans l'île de Mindanao ne tend pas à diminuer.

Le conflit en cours a des racines anciennes : il remonte aux problèmes entre chrétiens et musulmans dans les siècles de la domination espagnole sur les Philippines ('1565-1898), qui ne se sont pas atténués durant l'administration américaine (1898-1946), ni avec l'avènement du gouvernement républicain. Au début des années 1970, la minorité musulmane de l'île de Mindanao a relancé la lutte pour le " Bansamoro ", Etat islamique indépendant de la République des Philippines.

La demande venait surtout de la Province de Lanao del Sur, de Lanao del Norte, de Maguindanao et de municipalités dans les provinces limitrophes de Nord Cotabato, Sud Cotabato, Sutlan Kudarat, dans le centre de l'île. Le régime du Président Ferdinand Marcos a répondu en envoyant l'armée pour combattre les rebelles.

Après l'accord de Tripoli le 23 décembre 1976, qui prévoyait la concession d'une autonomie partielle, la lutte armée a repris en 1978. Mais, des divisions se créèrent au sein du front musulmans : de la première organisation qui revendique la plus grande autonomie, le " Moro National Liberation Front (MNLF), s'est détaché en 1978 le " Moro Islamic Liberation Front (MILF) l'aile la plus radicale, qui revendique la sécession.

Après des années continues de guérilla, en 1989 le gouvernement de Mme Corazon Aquino accorda l'autonomie administrative, mais seules 4 provinces sur 13 (Maguindanao, Lanao del Sur et les archipels limitrophes de Sulu et Tawi-Tawi).y ont adhéré. En septembre 1996, le MNLF parvint à un accord avec le gouvernement central de M. Fidel Ramos sur l'institution de la " Région autonome musulmane de Mindanao ", qui inclut les 4 provinces déjà autonomes.

Une grande partie des rebelles furent intégrés dans l'armée nationale et dans la police, et M. Nur Misari, le dirigeant du MNLF devint gouverneur de la Région Autonome. Toutefois, le MILF qui compte 15.000 hommes, refusa l'accord, et commença une nouvelle campagne de recrutements de moudjahiddins dans des camps d'entraînement à la guérilla et à l'offensive terroriste contre les civils ; il s'ensuivit des massacres, des enlèvements, des extorsions qui touchèrent même des missionnaires.

En 2000, M. Estrada, président des Philippines relança la politique de fermeté contre le MILF, et déclencha une campagne militaire massive, qui ne fit qu'augmenter le nombre des réfugiés au sein même du Pays (plus de 300.000). Avec le gouvernement de Mme Gloria Arroyo, Présidente, on parvint à un cessez-le-feu, qui n'a toutefois pas arrêté toutes les violences. Un contingent de troupes américaines est venu aider l'armée des Philippines en 2002.

Dans le conflit de Mindanao, l'Eglise catholique est active sur le front du dialogue islamo-chrétien. En 1996, est né le " Bishop-Ulama Forum ", qui rassemble des dirigeants chrétiens et musulmans actifs dans l'ouvre de médiation des conflits. Depuis 1986, est à l'oeuvre à la périphérie de la ville de Zamboanga, le " Mouvement Silsilah " qui, au mois de mai 1999, a créé un Institut de formation, avec des cours pour le dialogue inter-religieux et pour la paix, qui s'adresse aux la¨Pics et aux religieux, chrétiens et musulmans.

L'île de Mindanao compte 14.500.000 habitants. Les musulmans représentent environ un quart de la population. Dans la " Région Autonome Musulmane " (2.000.000 d'habitants), ils sont la majorité, même s'il y a de fortes minorités chrétiennes. D'après des estimations gouvernementales, en 30 années de conflit, il y a eu au moins 120.000 victimes. (source : fides)

Pour plus d'informations : Agence Fides

Retour