27.02.03 - France
: Accommoder laïcité et religion.
A
l'occasion de la création du Conseil des musulmans français,
le quotidien "La Tribune" d'Alger a voulu analyser la situation
des courants islamiques en France tels qu'ils se présentent depuis
une dizaine d'années.
"Le 25 juillet 1995, la France découvrait l'horreur et la frayeur
avec l'attentat de St-Michel, à Paris. ... Et commenceront alors les
analyses et polémiques sur l'islam et l'islamisme "importés" en France,
par des Français, les musulmans, les beurs, les banlieues non encore
pacifiées et la violence. Certains n'hésiteront pas à prendre le raccourci
de l'amalgame qui a le double avantage de dédouaner les responsables
et de circonscrire le phénomène à une génération et un espace."
L'un de ses auteurs présumés, Khaled Kelkal, n'est en
fait que la preuve de l'échec de la politique d'intégration. Car Kelkal
était d'abord un Français qui a fait l'école française et de
la prison en France. Il ne connaissait de l'Algérie que le nom, les
images transportées par les médias et ce que lui en ont raconté ses
codétenus pour l'embrigader et en faire un ennemi de la société qui
l'a exclu."
... " Cette frustration et ce sentiment de rejet et d'exclusion
se retrouvent chez des dizaines de milliers de jeunes banlieusards qui
vivent le chômage. Les immigrés et leurs enfants, les beurs surtout,
ont en plus le racisme et l'absence de repères culturels et identitaires.
Face à un tel naufrage, la réaction ne peut être qu'un réflexe de survie
qui vous fait vous accrocher à la première souche flottante."
... "Cette réaction a favorisé l'apparition dans les cités de ces
mosquées "parallèles" qui échappent à tout contrôle et où d'ailleurs
est né ce qu'on appelle désormais "l'islam de cave", terreau de tous
les extrémismes et déviations."
... " Les décrets, lescirculaires de ministères du gouvernement
de gauche et une avalanche de jugements administratifs contradictoires
tomberont et ne feront que compliquer un peu plus l'affaire qui déborde
sur le devenir et/ou la menace pesant sur la laïcité de l'école française,
la dangerosité du foulard en tant que symbole d'une religion prenant
de plus en plus d'expansion et la liberté de culte et d'expression."
... " La nouvelle politique, initiée par Nicolas Sarkozy, ministre
français de l'Intérieur et des Cultes, défend un "islam de France" pour
les musulmans de France qui, dit le ministre, sont d'abord des citoyens
français à part entière. Aussi, il est normal que ces musulmans aient
une structure représentative et soient impliqués dans la vie de la République.
Mais pour ce faire, il s'agira de réoccuper le terrain et d'en chasser
tout ce qui milite pour le racisme et l'exclusion."
... " Ce qui n'est pas une mince affaire quand on voit que déjà
se pose le problème de l'accommodement de la laïcité avec la religion
de plus en plus présente. Aujourd'hui, il est demandé aux responsables
français de se prononcer et de préciser leur conception de la laïcité
dont certains acteurs, des représentants de musulmans principalement,
défendent la redéfinition. Mais il est aussi demandé aux musulmans de
France de dire quel islam ils veulent et défendent."
... " Autrement dit, pensent-ils à un islam intégré à la réalité
de la société laïque et de culture judéo-chrétienne et qui ne peut donc
s'exprimer de la même manière que dans un pays musulman ou pensent-ils
importer un islam tel que vécu dans certains pays musulmans ? Les responsables
français, Nicolas Sarkozy à leur tête, rejettent toute idée d'un islam
importé et imposé à la république ou à la société. C'est dans cette
perspective que Sarkozy a travaillé à la création du Conseil français
du culte musulman (CFCM)."
... " C'est le premier pas vers la représentation et l'implication
effectives des musulmans de France dans une structure officielle et
institutionnalisée qui a, entre autres charges, la construction de mosquées,
l'organisation des fêtes religieuses et la formation d'imams. La Fédération
nationale des musulmans de France (FNMF), l'Institut musulman de la
Mosquée de Paris (GMP) et l'Union des organisations islamiques de France
(UOIF) travaillent en accord, en collaboration avec le ministère de
l'Intérieur, à l'organisation des élections et la structuration du CFCM."
... " Mais certains détracteurs voient en la création du CFCM une
opportunité pour la politique d'"entrisme" adoptée par certaines associations
religieuses qui, une fois sur place et bien assises, jetteront le masque
de l'islam modéré et moderniste qu'elles exhibent pour se montrer sous
leur vrai visage d'intolérance et d'extrémisme. Un risque que Sarkozy
accepte de courir, arguant qu'il vaut mieux avoir un islam qui s'exprime
au grand jour et qu'on peut contrôler, voire contenir, qu'un islam de
cave incontrôlable." (source : La tribune)
Pour plus d'informations : Agence
Allafrica
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