10.03.03 -
Brésil : Des impatiences grandissantes.
Les
femmes du "Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre",
le MST, ont occupé la scène samedi au Brésil, lors de la Journée des
femmes, en réaffirmant leur volonté de manifester en faveur d'une politique
visant à éradiquer la pauvreté.
Dans l'Etat de Bahia (nord-est), plus de 500 femmes du MST se sont mobilisées
au siège de l'Institut de la Réforme Agraire (INCRA), et près de 300
autres ont occupé le siège de la Commission Pastorale de la Terre (conférence
épiscopale brésilienne) et le siège local de l'INCRA à
Recife.
Depuis quelques jours, des centaines de femmes occupent les bureaux
de l'INCRA des Etats de Mato Grosso et de Goias. "Nous voulons que le
gouvernement nomme le chef de la réforme agraire du Goias pour que nous
puissions lui faire part de nos revendications: nous réclamons l'installation
sur une terre pour 3'000 familles" a déclaré Elisangela Moura, l'une
des occupantes du siège de l'INCRA de Goiania, capitale du Goias.
Après une période d'expectative accordée au nouvel exécutif du président
Luis Inacio Lula da Silva, investi le 1er janvier dernier, le MST a
perdu patience et a recommencé ces jours-ci à occuper des terres et
des immeubles en signe de protestation. Plusieurs centaines de familles
Sans Terre ont en effet envahi trois domaines agricoles dans trois Etats.
Le gouvernement et le Parti des Travailleurs (PT), au pouvoir, ont critiqué
les occupations et réclamé le dialogue. "Faire pression est légitime,
mais nous n'acceptons pas les invasions de bâtiments publics ni l'occupation
des terres rurales productives" a déclaré le président du PT, José Genoino.
Au cours de sa campagne électorale, Lula avait garanti l'accès à la
terre à tous les citoyens prêts à la travailler, l'augmentation de l'agriculture
familiale, du coopératisme et des formes d'é conomie solidaire.
D'après les données fournies par le leader du MST, João Pedro Stedile,
à la fin de l'année 2002, 600 millions d'hectares des terres brésiliennes
d'une superficie totale de 858 millions d'hectares sont privatisées,
360 millions d'hectares de ces terres sont cultivables, mais seulement
46 millions sont effectivement cultivés.
Au Brésil, indique encore le dirigeant des Sans Terre, il y a 27.000
fermiers dont la propriété a une superficie de plus de 2.000 hectares.
Ils contrôlent 178 millions d'hectares improductifs. "Tous pourraient
être expropriés par l'application de la loi. Nous sommes assis sur une
immense richesse et le peuple a faim". (source : apic/misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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