19.03.03 - Jouer avec les mots religieux.
Les
discours officiels des deux protagonistes du drame qui oppose les Etats-Unis
et l'Irak font appel à "nous avec Dieu" et qui n'hésite
pas à demander "Dieu avec nous", un vieux sloogan que
l'on croyait ne plus devoir être employé.
Il a été question de "croisades", mais ce terme
est chargé de tant de contenus ambigus que le président
Bush a cru comprendre qu'il était préférable de
ne plus l'utiliser. Non seulement parce qu'il choquait les européens,
mais parce qu'il réveillait en Grèce et au Moyen Orient
des souvenirs cotradictoires.
De leur côté les islamistes n'ont pas tout de suite parlé
de "guerre sainte", du djihad, tout simplement aussi que ce
terme entraine avec lui tout un contexte sur lequel les chefs d'Etat
du Golfe ne peuvent penser de même que les indonésiens
et les fondamentalistes intégristes.
Il n'empêche que George W. Bush ne manque aucune occasion de mettre
Dieu comme rempart suprême, protecteur et source de l'identité
américaine. Saddam Hussein n'hésite pas à interrompre
une intervention pour un temps de prière.
Ne serait-ce pas un danger que de mêler ainsi Dieu à devenir
"complice" de nos propres jugements, sans tenir compte de
ce que le Christ a dit dans son Evangile ou le prophète dans
son Coran. Accaparer Dieu pour guider sa stratégique humaine,
l'embrigader dans ses troupes d'élite, n'est-ce pas vouloir le
faire complice de nos points de vue.
L'aspect de plus en plus prédicatif des discours de Bush, les
rappels aux sourates de Saddam ne se justifient pas pour légitimer
des actions illégitimes. Les références absolues
aux grands principes, même patriotiques, font oublier que nous
appartenons à une communauté humaine où nous sommes
tous fils de Dieu.
Et c'est là sans doute que les rappels incessants de l'Eglise,
par les innombrables interventions du pape et des évêques,
remettent chaque chose à leur valeur. Un chrétien peut-il
oublier la parole de Dieu "Heureux les artisans de paix",
sans se sentir mal à l'aise et même coupable de ne pas
charcher à être d'abord et avant tout "un artisan
de paix."
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