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31.03.03 - Les rapports entre l'Occident et l'Islam.

Au siège de "l'Union constitutionnelle" à Casablanca le président de la République de San Tomé a analysé les rapports entre le monde occidental et l'islam.

Devant un parterre d'invités venus de tous les continents, Abdoulaye Wade s'est élevé contre la théorie du choc des civilisations défendue par l'américain Samuel Huntington. En effet, souligne-t-il, "ce n'est rien d'autre qu'un anti-humanisme revêtu d'un manteau d'intellectuels, mais aussi peu fondé que les réactions primaires dans le même sens".

La vérité du président Wade est qu'il n'existe pas, à l'heure actuelle, de "choc des civilisations" entre le monde occidental et l'ensemble islamique. Mais comme pour jouer la prudence, il s'empresse d'affirmer qu'il "ne doit pas y avoir de choc de civilisations si les intellectuels musulmans refusent que de faux dévots, politiciens déguisés en prêcheurs, nous imposent une vue biaisée de notre religion, en nous contournant par la périphérie de la frange la plus pauvre de nos sociétés".

Pour le chef de l'Etat, qui recevait le "prix international 2003 de la liberté" décerné par l'Internationale libérale, si les intégrismes musulman et chrétien sont hérétiques, il reste que "l'intégrisme musulman semble plus extrémiste actuellement" et "il constitue une minorité ( ) agissante souvent manipulée par l'argent et la perspective du pouvoir".

Il semble clair à ses yeux que les intégristes manquent de courage politique. "Au lieu de mener (leur) combat extrémiste sur la base d'une idéologie qui (leur) soit propre, (ils) trouvent plus facile de se référer faussement à la religion".

Il y a de la part des fondamentalistes musulmans, ajoute-t-il, une stratégie qui "consiste ( ) à profiter frauduleusement de la religion et de la pauvreté pour s'installer et se répandre, tant il est vrai qu'il est relativement facile de tenir aux couches pauvres des populations des discours sur le paradis qu'il faut rechercher sur terre par la violence, et le devoir de s'attaquer aux institutions laïques".

Or, "l'histoire a prouvé que les sociétés libres, qui n'étouffent pas la personne humaine, sont celles où l'homme s'épanouit le mieux et où se développe le plus la créativité". Le président Wade ne se dit "ni uléma, ni théologien, mais tout simplement un homme politique, musulman de religion, républicain et laïc",

"Il ne saurait être question de djihad de nos jours, dit-il également, car son alternative existe aussi dans le Coran, la persuasion, qui ne doit jamais être agressive et ne se fait que lorsque le musulman est sollicité par un non musulman".

Le président de la République s'est insurgé de manière parallèle contre "les difficultés pour les musulmans d'exercer leur religion" dans les pays occidentaux "du fait de l'intolérance et de l'ostracisme de la société occidentale".

Si l'islam est perçu " comme une religion intolérante" qui sécrète une "société islamique ( ) contraire à la notion de liberté individuelle" et qui "ne serait pas une société de justice", Me Wade se dit en quelque sorte rassuré. "Les progrès de l'islam se traduisent par des conversions de plus en plus nombreuses. ( ) Le fait est là et il atténue déjà les jugements sévères sur l'islam ".

Toutefois, il s'est félicité de la démarche entreprise par des intellectuels chrétiens "qui font l'effort de distinguer notre religion des déviations actuelles, attachés, comme nous, à l'idéal d'une humanité Une, avec des hommes et des femmes libres, différents mais riches de leur diversité".

Il est à noter que pas une seule fois dans son discours, le président Wade n'a effleuré l'actuelle situation qui prévaut en Irak où la coalition anglo-américaine tente de venir à bout de Saddam Hussein. (source : af)

Pour plus d'informations : Agence Allafrica

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