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31.03.03 - Inde : Un hindouisme radicalisé.

D'après la loi qui vient d'être édictée par le gouvernement de l'Etat du Gujarat, une personne qui voudrait changer de religion doit demander l'autorisation préalable aux autorités civiles.

" C'est une loi contraire à toute forme de démocratie " a déclaré Mgr Fernandez, archevêque de Gandhinagar, dans l'Etat du Gujarat, en critiquant le document sur la Liberté de religion, approuvé le 26 mars par le gouvernement du Gujarat, sans aucune discussion à l'Assemblée de l'Etat.

Il est prévu de fortes amendes ou la prison pour les conversions opérées par la force ou par des moyens frauduleux. Le document suit le modèle d'une loi déjà approuvée dans l'Etat de Tamil Nadu, en Inde méridionale. Mgr Fernandez attribue la responsabilité du Document au BJP (" Baratiya Janata Party ", Parti du Peuple Indien), qui a gagné les dernières élections au Gujarat au mois de décembre dernier, et qui est responsable d'une politique nationaliste hindoue.

Pour l'archevêque, l'approbation d'une loi pour une matière aussi délicate, sans aucune discussion au Parlement, est inconcevable. Il note en outre qu'il n'y a pas eu de cas de conversions forcées ou obtenues par des moyens frauduleux. " Cette loi, dit-il, viole les droits humains fondamentaux et les droits constitutionnels, la liberté de conscience et la liberté de religion ".

... " La communauté chrétienne, déclare-t-il encore, n'a jamais créé de tension sociale, mais a toujours répandu un message de fraternité, d'équité et d'harmonie, en travaillant pour le développement de la population de toutes les communautés. Les conversions forcées sont totalement rejetées par nos Eglises ".

Mgr Fernandez a expliqué ensuite les raisons de sa protestation : " Nous croyons que la conversion est une grâce de Dieu qui ne peut être soumise au jugement d'un gouvernement civil. Demander la permission aux autorités civiles pour une conversion religieuse signifie abdiquer la responsabilité personnelle de chaque individu pour le salut éternel de son âme. Dans ce cas, chaque homme doit répondre à la voix de son âme et non pas à des règles temporelles ".

Le nouveau gouvernement du Gujarat avait déjà organisé au mois de février " un recensement discriminatoire ", fait par des fonctionnaires de police, portant seulement sur des communautés, des familles et des institutions chrétiennes, ce qui avait suscité de fortes protestations de la part de la Conférence Episcopale de l'Inde.

La crainte des évêques était justifiée par des violences récentes subies par des chrétiens et par des membres d'autres communautés religieuses. Les évêques craignent en effet que l'on enferme les chrétiens dans un ghetto pour les isoler et pour contrôler leur éventuelle croissance numérique, qui serait la preuve de leur oeuvre de prosélytisme sous les apparences d'un service social.

Dans l'Etat de Maharashtra, les chrétiens sont descendus dans la rue pour rappeler leur droit à la liberté religieuse, et pour protester contre les actes d'intimidation accomplis dernièrement par des extrémistes hindous.

Il y a quelques jours, un groupe de 35 militants hindous a brisé les portes d'une église évangélique dans le village de Pattapangra, et a placé à l'entrée de l'église une statue de la divinité hindoue " Hanuman ", avec une tête de singe. La police, après des protestations répétées, a enlevé la statue et l'a remise au temple voisin le plus proche. D'après le pasteur évangélique D.B. Kulothungam, les militants hindous ont endommagé d'autres églises dans des districts du même Etat.

" Il s'agit de groupes de l'extrême droite hindoue qui propagent une culture d'intolérance envers les minorités, qui incitent à l'affrontement religieux et à la discorde sociale ", a-t-il expliqué. D'après la police locale, les militants sont membres du groupe RSS (" Rashtriya Swayamsewak Sang ", Corps National des Volontaires), formation qui défend l'idéologie intégriste de " l'hindutva " qui repose sur le principe suivant : " un peuple, une nation, une culture ".

Les chrétiens ont demandé une plus gande protection aux autorités civiles, en rappelant le droit de professer en paix leur propre foi, comme le garantit la Constitution de l'Inde, qui prévoit un Etat laïc et pluraliste. (source : fides)

Pour plus d'informations : Agence Fides

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