07.04.03 -
RD Congo : 966 exécutions sommaires.
L'enquête
menée par les Nations unies sur l'attaque de plus d'une dizaine de villages
du nord-est du Congo-Kinshasa montre que 966 personnes ont été tuées
dans une zone de combats entre tribus rivales, troupes ougandaises et
rebelles.
Rebelles, tribus rivales et armée s'affrontent depuis quatre
ans et demi. Des témoins parlent d'assaillants en uniforme militaire
et d'autres en civil, selon le porte-parole de la mission de l'ONU au
Congo, Hamadoun Touré, qui ajoute qu'il y a eu des "exécutions sommaires".
Thomas Lubanga, chef des rebelles de l'Union des patriotes congolais
(UPC), accuse les soldats ougandais et leurs alliés de la tribu des
Lendus. Les attaques ont eu lieu jeudi dans la paroisse catholique de
Drodro et dans 14 villages alentour, dans la province d'Ituri, près
de la frontière ougandaise. Les enquêteurs de l'ONU ont découvert samedi
une vingtaine de fosses communes tachées de sang frais et ont vu "neuf
personnes gravement blessées, principalement à coups de machette, certaines
par balles".
L'armée ougandaise a démenti toute implication, imputant le massacre
de 400 personnes à des tribus, mais des témoins affirment que certains
agresseurs parlaient le Kilendu des Lendus, et d'autres le Kiswahili
de l'est du Congo, parlé par la plupart des soldats ougandais.
Des survivants ont montré à la délégation de l'ONU une vingtaine de
fosses communes qui contiendraient non moins de 250 cadavres. On n'a
pas encore de nouvelles précises sur ce qui est arrivé aux quelque 700
autres victimes. Il est également difficile de savoir ce qui s'est produit
entre 05 h 00 et 08 h 00 du matin jeudi dernier, le 3 avril, dans cette
zone reculée de la République Démocratique du Congo.
Selon une des versions recueillies jusqu'à présent par l'agence Misna,
un certain nombre de personnes, tous âges confondus, en civil et en
tenue militaire, provenant de directions diverses et en vagues successives,
ont commis peu à peu un nouveau massacre, laissant sur le terrain, en
l'espace de trois heures à peine, des centaines de victimes, aussi bien
Hema que Lendu.
Comme c'est souvent le cas dans des régions aussi reculées, les reconstitutions
précises sont pratiquement impossibles mais les faits laissent penser
qu'il s'est agi d'un nouvel épisode, peut-être le plus cruel, de l'interminable
lutte pour la terre, en cours depuis de longues années entre les 700.000
agriculteurs Lendu et les 150.000 éleveurs Hema, aggravée par les luttes
de pouvoir politique entre rebelles de diverses factions et de diverses
provenances, pas seulement nationale.
Riche en or, en autres minerais et en ressources précieuses, la région
de l'Ituri est le théâtre d'un drame humain sans fin qui en moins de
5 ans, de bataille en bataille et de massacre en massacre, a causé la
mort de 50.000 personnes et fait 500.000 déplacés.
Comme l'ont noté des observateurs et les religieux ces derniers mois,
l'Ituri et son instabilité, congénitale et induite, représentent une
épine dans le flanc du processus de paix ayant abouti le 4 avril dernier
à la nouvelle constitution promulguée par le président Joseph Kabila
(fils de Laurent assassiné), à la signature des accords de Sun City,
en Afrique du Sud, conclusifs du long dialogue intercongolais, et à
la première réunion de la commission de pacification de l'Ituri tenue
le 4 avril à Bunia.(source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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