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09.04.03 - La pédophilie, un problème à gérer.

Renvoyer les prêtres pédophiles n'est pas une solution. C'est la conclusion à laquelle est arrivé un groupe d'experts en psychiatrie invité au Vatican du 2 au 5 avril.

Selon CNS, l'agence de presse des évêques américains, ces spécialistes de renommée internationale ont critiqué la politique de "tolérance zéro" pratiquée aux Etats-Unis. Se débarrasser du problème au lieu de le gérer revient à larguer dans la société des prédateurs sans surveillance.

Invités par l'Académie pontificale pour la vie, les huit experts, qui sont tous des non catholiques, ont présenté leur analyse devant des représentants de la Secrétairerie d'Etat et des services les plus importants de la Curie. Ces spécialistes ont mis en évidence le danger que représente le renvoi d'un prêtre pédophile.

La perte des points de repère est un facteur aggravant, expliquent-ils. Les personnes qui commettent des abus ont au contraire besoin de vivre dans des structures fermes. S'il est évident qu'il faut les éloigner de toute pastorale concernant les enfants et les jeunes, il faut par contre, estiment les psychiatres, les maintenir dans une activité où ils ne constituent pas un danger.

De plus, précisent-il, s'il est difficile d'évaluer le risque, il est par contre certain qu'une situation de stress favorise la récidive. Si un prêtre est cependant congédié, l'Eglise devrait se donner les moyens d'assurer un suivi pour le maintenir en observation.

Quoiqu'il en soit, chaque cas doit être traité spécifiquement, les solutions trop générales sont inadéquates, estiment encore les spécialistes. Les experts en psychiatrie soulignent que la plupart des prêtres reconnus coupables de pédophilie ont commis des actes isolés, qui remontent souvent à plusieurs décennies. Ils ne sont pas représentatifs de l'abuseur type. De plus, il existe des traitements pharmaceutiques qui, accompagnés par une supervision stricte, réduisent le risque de récidive.

Martin P. Kafka, professeur en psychiatrie à Harvard, rappelle que "l'écrasante majorité des auteurs d'abus sexuels sur des mineurs, garçons ou filles, sont hétérosexuels". Il estime qu'exclure du séminaire les homosexuels pour lutter contre la pédophilie n'a pas de sens, puisque l'homosexualité n'est pas la cause déterminante de la pédophilie. Il est beaucoup plus judicieux de veiller à ce que les séminaristes aient une gestion mature de leur sexualité.

En conclusion, Jorg M. Fegert, pédopsychiatre à la clinique universitaire de Ulm en Allemagne, mentionne l'importance qu'il faut accorder aux victimes d'abus. Non seulement pour leur apporter une aide adéquate, "une série d'interrogatoires de policiers et de psychologues ne fait souvent qu'empirer le traumatisme", précise-t-il, mais aussi pour enrayer la propagation du phénomène. "Nombre de prêtres pédophiles ont eux-mêmes été abusés durant leur enfance", rappelle-t-il. (source : apic/cns)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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