19.04.03 -
Irak : Dans la ferveur et la tristesse.
"Les
fêtes de Pâques des chrétiens d'Irak vont être tristes. Même si elles
sont suivies avec la plus grande ferveur. Beaucoup de gens ont peur,
ils sont traumatisés par les bombardements et les pillages de ces derniers
jours."
Telles sont les paroles du P. Boutros Haddad, curé de l'église
catholique chaldéenne de la Vierge Marie à Bagdad, dont l'un des paroissiens
n'était autre que le vice-premier ministre Tarek Aziz. Et d'ajouter
: "Nous vivons depuis vingt ans dans les guerres et les Américains ont
fini par détruire ce pays. Ce qu'ils ont fait est criminel".
Il n'aime pas les Américains et ne s'en cache pas. "Si des soldats viennent
dans mon église pour assister à la messe, je les accepterai, mais je
n'aimerai pas ça", dit-il. Le P. Haddad souligne que, comme chrétien,
il n'a pas eu à se plaindre du régime laïc de Saddam Hussein qui a toujours
respecté les libertés religieuses". En revanche, "comme citoyen de ce
pays, il y a eu beaucoup à redire", ajoute-t-il à propos de la dictature
passée.
"Nous ne serons pas libérés par les Américains, ils ne sont pas venus
pour ça", estime-t-il. "Ils ont protégé les puits de pétrole, mais pas
les musées ni la 'maison des manuscrits', la Bibliothèque de Bagdad".
Plus modéré ou plus politique, le métropolite de Bagdad de l'Eglise
grecque orthodoxe syrienne affirme pour sa part "qu'il attend de voir"
avant de se prononcer sur les actions américaines. "J'aimerai croire
que les Américains ont fait un si long chemin pour notre liberté", dit
Mgr Georgis Gewergis Sliwa, "mais pour le moment je ne vois rien
de tel sinon des dévastations", regrette-t-il. Et de souligner que le
Patriarche de son Eglise, installé à Chicago (Illinois) avait condamné
à l'avance cette guerre.
Il rejette toute différenciation entre les Irakiens de religions différentes.
"Les bombes ne font pas de différences entre les chrétiens et les musulmans,
entre une mosquée et une église". Mais le métropolite craint
que la persistance du désordre ne mène à une "libanisation" du pays
où les désordres pourraient créer un "antagonisme croissant" entre les
communautés chrétiennes et musulmanes.
Les chrétiens d'Irak représentent environ 500.000 personnes, dont 350.000
de Chaldéens dans un pays de 25 millions d'habitants, et les Syriaques
environ 100.000. (source : la croix)
Pour plus d'informations : La Croix
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