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02.05.03 - Les 36 heures du pape en Espagne.

Le pape Jean Paul II s'envolera le 3 mai pour l'Espagne, à l'occasion de son 99e voyage apostolique, une visite dans un pays où le catholicisme connaît bien des difficultés.

Au programme, seules trois rencontres officielles sont prévues, dont une avec le Premier ministre espagnol José Maria Aznar, à trois jours du début de la campagne électorale pour les élections administratives du 25 mai, et dans un contexte national et international tendu.

Pour éviter toute polémique à la veille des élections, le pape ne devrait pas s'attarder sur ces sujets, afin que ses paroles ne soient pas récupérées par certains partis de l'opposition. Il devrait d'ailleurs également rencontrer le secrétaire général du PSOE, le principal parti de l'opposition, le 4 mai, juste avant la messe de canonisation.

Le discours du pape aux quelque 100.000 jeunes déjà inscrits, qu'il rencontrera dans la soirée du samedi sur la base aérienne des "Quatre Vents", n'exclurait toutefois pas un appel directement adressé aux jeunes à s'engager en faveur de la paix.

L'enthousiasme de l'accueil public attendu ne peut cacher la réalité que rencontre le pape. En premier lieu, la position d'un gouvernement qui a appuyé sans réserve la stratégie de George W. Bush, dont l'un des membres, Federico Trillo, ministre de la Défense et membre de l'Opus Dei avait déclaré :"L'opinion du pape sur la guerre n'oblige pas les catholiques à la suivre." Or 90% des Espagnols se sont prononcés contre cette participation espagnole, selon les sondages, saluant ainsi de manière quasi unanime la position de Jean Paul II

Même si le taux des pratiquants plusieurs fois par mois est de 33 %, une fracture réelle existe entre eux et la hiérarchie. Ils souhaitent une Eglise plus ouverte à la thématique des questions sexuelles, d'autant qu'ils estiment que celles-ci prennent souvent le pas sur la charité et la justice dans les déclarations épiscopales.

Et ceci est plus marqué encore chez les jeunes. Un tiers d'entre eux, selon un récent sondage se disent pratiquants, mais seulement 2 % pensent que l'Eglise est à même de répondre aux attentes de leur vie et de leur avenir.

Il ne s'agit pas là d'une sécularisation, mais plutôt d'une fracture dans l'esprit religieux des Espagnols, entre le message évangélique de Jésus-Christ et ce qu'en transmet l'Eglise hiérarchique. Selon l'expressio, de José Antonio Gonzales Casanova, professeur à l'université de Barcelone, l'Espagne est "un pays de schisme intérieur spirituel."

Durant ce séjour, Jean Paul II pourrait non seulement faire allusion au contexte international, mais aussi et surtout aux tensions internes à l'Espagne dues notamment aux mouvements terroristes basques, à l'intégration des immigrés, le chômage, la cohésion sociale, et les problèmes liés aux familles.

Interrogé par Radio Vatican, Mgr José María Sánchez, évêque de Sigüenza-Guadalajara, n'a pas caché que en comparaison des quatre précédentes visites de Jean Paul II en Espagne - 1982, 1984, 1989 et 1993 -, l'enjeu de celle-ci est totalement différent. Elle "sera marquée par une forte sécularisation et une pratique religieuse diminuée, notamment ces deux dernières années en raison d'événements désagréables largement amplifiés par les médias."(source : la croix)

Pour plus d'informations : La Croix

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