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10.05.03 - Turquie : Un statut religieux sujet à caution.

Le gouvernement turc a rejeté vendredi 9 mai les accusations d'absence de liberté religieuse en Turquie formulées par l'Union européenne.

Le jeudi 8 mai, Guenter Verheugen, commissaire européen à l'Elargissement, avait déploré au Vatican - où il a été reçu par Mgr Jean-Louis Tauran, "ministre des Affaires étrangères" du Vatican - l'absence de liberté religieuse en Turquie, ce qui représente un obstacle à l'adhésion de ce pays à l'UE. Il a affirmé à cette occasion que l'"'Eglise catholique n'a aucun droit en Turquie".

Les religions minoritaires non reconnues par le Traité de Lausanne de 1923 ne peuvent en général pas acquérir de nouveaux biens pour leurs activités cultuelles. La minorité chrétienne syriaque n'est pas reconnue par les autorités en tant que minorité couverte par le Traité de Lausanne malgré sa présence historique en Turquie et ne bénéficie pas des droits d'une minorité religieuse.

Des communautés religieuses chrétiennes connaissent également des restrictions inexplicables, comme celles que rencontrent le Séminaire Théologique Orthodoxe sur l'île de Halki, appartenant au Patriarcat oecuménique de Constantinople et le Séminaire de la Sainte Croix de l'Eglise orthodoxe apostolique arménienne. Tous deux sont fermés aux études théologiques depuis 1971.

Aucune Eglise n'a le statut de" personne morale", ni le Patriarcat oécuménique, ni le Patriarcat arménien, ni l'Eglise catholique ni les Eglises protestantes.

Ce qui n'empêche pas le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gul, dont le pays est candidat à l'entrée dans l'UE, d'affirmer qu'il n'est pas dans les traditions de son pays, qui respecte la liberté de culte, de discriminer les religions. Il rappelle en effet que la Turquie moderne et laïque, fondée en 1923, est héritière d'une longue tradition qui rejette l'"assimilation" religieuse.

En effet, bien que le prosélytisme ne soit pas de jure interdit, toute activité pastorale auprès des musulmans peut être considérée comme une propagande religieuse constituant un trouble à l'ordre public, et donc susceptible d'interdictions de la part des autorités de police. Ainsi des militants musulmans et des chrétiens évangéliques ont été emprisonnés en Turquie sous prétexte que partager sa foi en public trouble la paix.

Le séminaire orthodoxe de Halki est interdit. Or sa fermeture constitue une infraction à l'article 40 du Traité de Lausanne et à l'article 24 de la Constitution Turque qui assurent, tous les deux, la liberté religieuse et le droit à l'éducation.

Si la Constitution turque a été modifiée en ce qui concerne les droits de l'homme et les libertés fondamentales, des restrictions importantes subsistent, notamment pour ce qui est de la liberté d'expression, de réunion, d'association et la liberté religieuse. Par ailleurs, le monopole d'Etat exercé sur l'islam sunnite ne prend pas en compte la diversité desautres communautés musulmanes turques. (source : apic)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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