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12.05.03 - Nous mourrons pour Allah.

Après trente et un mois de combats contre l'armée israélienne, et pour motiver les troupes, un groupe d'étudiants membres du Hamas a décidé de leur donner un aperçu de ce que leur réserve "l'au-delà."

Plus d'un militant palestinien pourrait se laisser gagner par la lassitude, alors, avec la bénédiction des autorités islamiques, une rencontre a eu lieu dans une vaste salle du plus important campus de Cisjordanie, celui de l'université An-Nadjah à Naplouse, sous le titre "La victoire du Juste".

Des arbres en plastique auxquels sont accrochées des cages d'oiseaux vert et jaune surplombent une fontaine où nagent des poissons rouges. Le sol est jonché de sable fin et de fleurs artificielles. Aux murs, des visages de "martyrs" et des citations du Coran. Le tout avec air conditionné. Voilà à quoi ressemblerait le paradis de ceux qui combattent Israël jusqu'à la mort.

L'université An-Nadjah, un fief du nationalisme palestinien et du Hamas qui accueille environ 10.000 élèves, assure s'opposer aux attentats-suicide, mais explique ne pas avoir exclu cette option pour ne pas froisser le point de vue de certains étudiants. "En tant qu'institution, nous croyons au pluralisme," explique un représentant de la direction, Sami Keïlani.

D'après l'enseignement des imams, les musulmans qui trouvent la mort en luttant contre Israël auront pour récompense le Paradis éternel en compagnie de 72 vierges, mais ce détail ne figure pas dans la représentation d'An-Nadjah. "Nous ne voulons pas que les gens croient que nous mourrons pour des femmes. Nous mourrons pour Dieu".

L'installation, présentée pendant une semaine, ne néglige en revanche pas le préliminaire nécessaire à l'arrivée au Paradis : la mort. Les visiteurs devaient, pour y accéder, parcourir un couloir éclairé à la bougie et entrer dans une des 26 tombes factices surmontées d'un suaire vert et de la photo des 26 étudiants d'An-Nadjah tués dans la guerre contre Israël, dont six en tant que kamikazes.

"Je n'ai jamais rien vu de pareil de toute ma vie", lance Abdelaziz Mohammed, étudiant en troisième année d'études d'arabe. Il explique que cette exposition, visitée par des centaines de ses condisciples, parfois plusieurs fois, l'a aidé à comprendre "le destin des combattants" qui se font exploser parmi les civils israéliens. "J'ai regardé leurs photos, je les ai senti parler et sourire. Ils sont vraiment dans leur paradis". "Nous leur disons qu'ils ne gâchent pas leurs vies". (source : ap)

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