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30.05.03 - Europe : Une curieuse omission.

Comme s'il n'avait jamais existé en Europe, le christianisme est passé sous silence : la Grèce, Rome et la philosophie du "siècle des Lumières", voilà tout l'apport religieux que présente le préambule de la Constitution européenne.

Cela frise le ridicule", déclare Josep Miró i Ardèvol, président de la Convention des chrétiens pour l'Europe. "Omettre, dit-il, la référence chrétienne sans laquelle tout devient incompréhensible, ignorer la réalité de l'identité européenne dont l'un des éléments de base est le christianisme constitue un diktat idéologique et exprime la volonté politique de dire que le laïcisme constitue l'unique catégorie culturelle de l'Europe."

Tout en étant plus nuancée la position du Vatican a été clairement exprimée par la déclaration de M.Joaquim Navarro-Valls, directeur de la salle de presse, le 30 mai à midi.

"Le Saint-Siège a constaté avec satisfaction que la Convention Européenne avait inclus dans le projet d'Article 51 de Constitution de l'Union la Déclaration 11 annexe au Traité d'Amsterdam, prévoyant le dialogue permanent des institutions avec les Eglises et les communautés religieuses, et reconnaissant l'identité comme le rôle de ces dernières".

"Le projet initial de Préambule constitutionnel mentionne en outre différentes traditions ayant puissamment contribué à l'élaboration du patrimoine européen. Mais on est surpris de l'absence de toute mention explicite du christianisme".

"C'est la raison pour laquelle on partage l'opinion des membres de la Convention ayant proposé d'inclure le christianisme dans la nouvelle version du Préambule, dans le respect de la vérité historique et en vue d'un meilleur équilibre de ce texte".

Mgr Tauran l'avait du reste laissé entendre en relevant qu'un simple rappel du patrimoine spirituel serait insuffisant. La première réaction avait celle du cardinal Tucci, il y a une semaine. Pour lui la seule mention de l'héritage religieux dans le projet de préambule de la future Constitution européenne "est une offense à la raison, au bon sens et à une bonne partie des citoyens européens."Le cardinal juge le projet de préambule "très bon" dans son ensemble, mais déplore à propos des références à l'héritage religieux, que "le texte n'a pas eu le courage de reconnaître le fait historique de l'influence du christianisme dans la culture européenne".

La Conférence des Eglises Européennes (KEK) et la Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (COMECE) ont salué le 27 mai le projet remanié de la première partie de la Convention européenne. Dans une déclaration publiée cemardi 27 mai, les Eglises disent y apprécier en particulier les valeurs basées sur le respect de la dignité humaine et des droits de l'homme, la démocratie, la liberté, la justice, la solidarité, le développement durable et la poursuite du bien commun.

Nous avions déjà rappelé que le 25 mai, Mgr Jean-Louis Tauran, secrétaire pour les relations avec les Etats, avait de son côté prévenu qu'un rappel "du patrimoine spirituel" dans la Constitution, serait "absolument insuffisant", ajoutant dans son entretien au quotidien italien "Corriere della Sera", qu'une mention générique du patrimoine religieux, serait inadéquate".

L'Eglise orthodoxe grecque qualifie d'"insuffisante" la mention d'un héritage "religieux" de l'Europe dans le projet de préambule de la future Constitution européenne, jugeant que ce texte devait faire clairement référence aux "racines chrétiennes" de l'UE. L'Eglise grecque, non-séparée de l'Etat, "veut une référence précise et catégorique aux racines chrétiennes de l'Europe, et ne peut se satisfaire de la mention contenue dans le projet", a déclaré son porte-parole, Haris Konidaris.

Haris Konidaris a aussi souligné le refus de son Eglise de voir mettre sur le même plan la tradition chrétienne et les traditions juives et musulmanes "qui n'ont pas joué le rôle fondamental de la première dans la formation de la culture européenne et dans l'histoire de l'Europe".

Selon les langues de l'UE dans lequel il est décliné, le projet de préambule fait en effet référence soit à "des héritages religieux" au pluriel, comme en allemand, soit à "un héritage religieux" au singulier, comme en grec, quand il ne laisse pas planer le doute, comme en français où il est question "des héritages culturels, religieux et humanistes. (source : vis/apic)

Pour plus d'informations : Service de presse du Vatican

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