01.06.03 -
Sénégal : Le concret du dialogue interreligieux.
"Aussi
lentement que se déplace le caméléon, si rien ne lui barre le chemin,
il finit par arriver à destination."
Ce proverbe sénégalais illustre, dans le journal "Wal
Fadjri", une réflexion qui a été faite à
propos du projet d'un code de la famille qui s'appliquerait aux musulmans
du Sénégal, selon les normes de la Sharia et qui a été
repoussé par le chef de l'Etat. De la décision d'un code
inspiré par la Sharia, on pourrait arriver à l'Etat islamique
du Sénégal.
... "Certains comportements, est-il écrit dans ce journal,
risquent, si on n'y prend garde, de faire perdre à notre pays, ce que
beaucoup de pays africains lui envient : l'absence de luttes fratricides
pour cause d'appartenance religieuse, confrérique, ethnique, régionale,
et j'en passe."
... "On doit lever le chapeau au président Senghor d'avoir réussi,
bien que catholique pratiquant, à faire en sorte que jamais les musulmans
n'aient eu à le soupçonner de privilégier sa chapelle par rapport à
la mosquée. Le soutien des chefs religieux musulmans, dont il avait
toujours bénéficié, au détriment de ses adversaires politiques musulmans,
atteste de la réussite de sa politique faite de symbiose, de délicatesse
et de tolérance pour que vivent ensemble, sans heurt ni frustration,
les Sénégalais et leurs hôtes, dans leurs diverses composantes.
... "Son successeur à la tête de l'Etat, le président Abdou Diouf,
musulman, marié à une femme chrétienne, sans que cela n'ait dérangé
personne, et l'enchantement du Pape Jean-Paul II sur la manière dont
il avait été reçu à Dakar par des musulmans, dont d'éminents érudits,
prouvent que les musulmans sénégalais, toutes confréries confondues
sont éclairés, tolérants et anti-fondamentalistes.
..."Le "Comité islamique pour la réforme du Code de la famille"
du Sénégal (Circofs) doit revoir son avant-projet de code du statut
personnel, à défaut d'y renoncer, purement et simplement et de s'en
tenir à l'esprit de la dévotion à Dieu, à son Prophète Mouhamed (Psl)
et aux plus démunis, ce qui peut constituer largement un programme de
pratique religieuse islamique.
... "Affirmer que le "Code de la famille a échoué, et qu'il est
temps de le remplacer par un code du statut personnel qui tienne compte
de nos valeurs religieuses et culturelles, et qui respecte la liberté
de conscience inscrite dans la constitution" me semble ne pas tenir
compte de la préoccupation réelle en matière de pratique religieuse
de l'écrasante masse silencieuse de nos compatriotes.
... "L'avis déclaré de chefs religieux ne suffit pas pour se faire
une idée de ce que veulent, en âme et conscience, l'ensemble des musulmans.
Si l'on sait que nos soeurs se battent pour la réforme de certaines
dispositions devenues surannées de ce code, exemple l'autorité parentale,
il est fort à parier que celles-ci voteraient contre le projet du Circofs
à une écrasante majorité. Il en serait de même pour une bonne partie
des hommes, qui ne comprennent toujours pas que les initiateurs de ce
texte n'en mesurent pas les graves conséquences sur la commune volonté
de vie commune des Sénégalais, qu'ils soient musulmans, catholiques
ou qu'ils appartiennent à d'autres religions et croyances.
... "Faire fi de tous ces acquis de notre pays, dans un monde où
des musulmans se massacrent sans cesse, dans des pays dits musulmans
régis par la charia, ne se comprend pas. Souhaiterions-nous importer
au Sénégal, ce qui fait le malheur de l'Afghanistan, de l'Irak, de certains
Etats du Nigeria et de tant d'autres pays musulmans ?
... " La suprématie numérique des musulmans au Sénégal ne peut
pas justifier l'appel du Circofs à se mobiliser pour que "le gouvernement
et le parlement de l'alternance adoptent une loi" conforme au projet
de ce collectif d'associations islamiques.
... "Le chef de l'Etat s'est prononcé contre le projet du Circofs.
Les femmes musulmanes échappent à l'asservissement qui les guettait.
"(source : Wal Fadjri)
Pour plus d'informations : Agence
Allafrica
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