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25.06.03 - Le grand malentendu.

L'Eglise croit communiquer alors qu'elle est repliée sur elle-même, tel est le constat sévère dressé par un analyste des médias, Frédéric Antoine.

Dans l'ouvrage qu'il publie aux Editions Desclée de Brouwer, intitulé "Le Grand Malentendu - L'Eglise a-t-elle perdu la culture et les médias?", ce professeur au Département de communication de l'Université catholique de Louvain (UCL) appuie sa réflexion sur de nombreux exemples tirés de l'univers médiatique.

Journaliste, rédacteur en chef du mensuel "L'appel", qui se présente comme "le magazine chrétien de l'événement en Belgique francophone", Frédéric Antoine affirme que la communication entre Dieu, l'Eglise et les hommes est "en passe d'atteindre le niveau zéro, celui de la rupture définitive".

Dans son ouvrage, que l'auteur le qualifie lui-même de "cléricalement incorrect", il estime qu'il ne faudra pas un siècle avant que le divorce communicationnel entre Dieu et le monde soit totalement consommé. Il n'hésite pas à affirmer que lorsque Dieu se sera finalement replié chez lui "entouré de quelques prêtres et d'une poignée de convaincus", on assistera à la disparition totale de la relation entre Dieu et les hommes, bien que son pessimisme ne va pas jusque là.

Il oppose le langage des médias à celui de l'Eglise. Le premier est celui de la vie, de la mode. C'est le langage dans lequel les jeunes, notamment, sont plongés. Le langage de l'Eglise est celui de l'éternité. L'Eglise ne renonce pas à communiquer, la preuve en est les impressionnants moyens déployés par l'institution pour entrer en relation avec le monde.

Mais l'Eglise se berce d'illusions, le monde dont ils parlent ses communicateurs n'existe plus. Il n'y a pas à en rejeter la faute sur les hommes "qui ne savent plus écouter". D'où le titre du livre: le grand malentendu. L'Eglise croit faire partie de la culture d'aujourd'hui car cette dernière est plantée dans un "humus parsemé de chrétienté", notamment par les références artistiques qu'elle entretient et qui s'enracinent dans la culture judéo-chrétienne.

Malheureusement, cette culture ne touche plus la majorité des gens, qui font davantage référence à d'autres valeurs, parmi lesquelles l'immédiat, l'individualité, le plaisir, la sensualité... Références qui sont absentes du langage ecclésiastique. Il y a donc un énorme fossé entre les valeurs du monde contemporain et celles dont parle l'Eglise.

Il est temps que l'Eglise s'interroge sur sa manière de relayer la Parole de Dieu. Après avoir brossé ce tableau noir, l'auteur ouvre quelques pistes, comme celle de se remettre en cause, de quitter ses certitudes, pour s'ouvrir aux interrogations, de connaître et de dire les mots d'aujourd'hui avec le sens qu'ils ont pour nos contemporains.

Il ne suffit pas de changer l'emballage ou l'étiquette de la boîte. Il est grand temps, dit l'auteur, de se pencher sur le contenu du message. (source : cathobel)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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