02.07.03 -
Le colloque européen des paroisses.
Le
coloque européen des paroisses révèle une Eglise
qui cherche son modèle car la transmission traditionnelle de la foi
est remise en question dans les situations qui sont celles des grandes
cités, et même dans bien des petites localités.
Le 21e "Colloque européen des paroisses" (CEP) qui s'est ouvert
à Fribourg en Suisse, a pour thème : "Paroisses: expériences
d'aujourd'hui et visions d'avenir". Reprenant la dynamique des mouvements
d'action catholique: voir / juger / agir, le Colloque a consacré sa
première journée de travail à une analyse de la situation actuelle des
paroisses.
Déjà , dans les années 60 déjà, bon nombre de chercheurs
estimaient que la paroisse ne répondait plus aux exigences de l'époque.
Francis Connan et Jean-Claude Barrault, dans leur ouvrage "Demain la
paroisse" (1966) prônaient des communautés paroissiales qui soient "communions
de communautés", la formation d'équipes pastorales et des prêtres vivant
en fraternité autour de leur évêque.
37 ans plus tard, certaines de leurs intuitions sont devenues réalité,
selon Marc Feix. Et pourtant, la paroisse peine toujours plus à répondre
aux attentes de ses membres. Si l'on peut encore parler de membres au
regard de la grande diversité de modèles d'appartenance. Les fidèles,
selon l'expert alsacien, se divisent dans les grandes lignes en trois
groupes: ceux qui s'identifient à leur paroisses (toujours plus rares),
les "zappeurs", qui utilisent les services de différente paroisses en
fonction de leurs besoins, et les "sporadiques", qu'on retrouve à l'église
aux grandes occasions.
Certes, la collaboration prêtres - laïcs est devenue réalité. Les 17
contributions que les participants ont fait parvenir aux experts pour
illustrer une expérience paroissiale intéressante sont révélatrices
des véritables problèmes qui se posent et, actuellement,
évêques et sociologues de l'Eglise ne peuvent dire quelles
sont les solutions pour l'avenir.
Treize d'entre elles concernent la constitution d'une équipe pastorale,
formée de prêtres et d'agents pastoraux laïcs, sur une ou plusieurs
paroisses réunies. Les quatre autres illustrent un projet d'évangélisation,
qui est mis en place par une équipe pastorale. "Il y a 18 ans, à Tarragone
en Espagne, la collaboration entre prêtres et laïcs était le thème pri
ncipal du colloque. Et tous les projets que vous avez présentés cette
année mettent en pratique cette collaboration", constate Marc Feix en
se réjouissant du chemin parcouru.
Mais ils visent à perdurer le modèle traditionnel de la paroisse. "Avons-nous
raison de chercher à faire tourner la boutique? Ne devrions-nous pas
passer du service religieux à la contemplation de la présence agissante
de Dieu dans son peuple?", propose l'expert, en lançant la réflexion
pour les groupes de discussion.
La religion est une affaire de plus en plus privée, constate l'allemand
Ottfried Selg, secrétaire général du CEP, a également porté un regard
de sociologue sur la paroisse d'aujourd'hui. S'appuyant sur sa propre
expérience, il distingue trois figures de l'Eglise: l'institution, les
mouvements et enfin une tendance qui devient majoritaire: un christianisme
diffus qui s'inscrit dans la vie privée. L'expert allemand constate
un essoufflement de l'Eglise au niveau institutionnel: diminution du
nombre de prêtres, vieillissement du clergé, disparition progressive
des chrétiens actifs, influence de plus en plus restreinte sur l'évolution
de la société.
… "Il est vrai que les Eglises en tant qu'institutions ont encore une
place bien ancrée dans la société, mais elles n'ont plus prise sur la
vie des personnes et sont confrontées constamment à la concurrence croissante
d'autres institutions", soutient Ottfried Selg. Quant aux mouvements,
ils ne peuvent représenter l'ensemble de la communauté chrétienne. Ils
constituent un enrichissement pour l'Eglise mais confinent leur action
à un secteur social particulier. Par ailleurs, les statistiques démontrent
que si les mouvements regroupent aujourd'hui 5 à 10% des catholiques
recensés, d'après les prévisions ce taux sera réduit d'un tiers dans
les prochaines années.
Ottfried Selg constate une croissance des personnes qui considèrent
la foi comme étant du domaine privé et qui ne sont plus disposées à
suivre les indications de leur Eglise. "Les interventions officielles,
dans le meilleur des cas, sont reçues à titre d'information", affirme
le secrétaire général du CEP. Le sentiment d'appartenance à une communauté
ne se manifeste chez ces chrétiens qu'à de rares occasions. "Les enterrements
constituent une occasion de recours aux services de l'Eglise. A en croire
les enq uêtes menées dans ce domaine, ils sont finalement pour bien
des personnes l'unique raison de leur désir de ne pas quitter l'Eglise."
Selon certaines estimations, le pourcentage des chrétiens "privés" ou
"indépendants" représente en Europe une forte majorité, notamment dans
les villes où il se monte actuellement près de 75%. "La période florissante
du christianisme est arrivée à ses limites. Elle fait place à un modèle
de société multiculturel."Un constat qui invite les participants, issus
de 13 pays européens, à dégager des perspectives pour l'avenir de leurs
paroisses. (source : apic)
Pour plus d'informations : Agence
APIC
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