19.07.03 -
Brésil : Une victoire des "Sans terre".
Pour
la première fois, le gouvernement fédéral brésilien dédommagera un paysan
réduit à l'esclavage par l'un des nombreux latifundistes qui exploitent
au Brésil les travailleurs de la terre.
Le gouvernement brésilen a accepté une "solution à l'amiable"
reconnaissant finalement l'existence du travail forcé et promettant
une somme à la victime, que le Congrès vient de fixer à 52.000 reals
soit environ 16.000 €.
José Pereira avait 17 ans lorsqu'il est devenu un des nombreux paysans
esclaves engagés par les latifundistes, les grands propriétaires terriens
dans le sud du Parà. En septembre 1989, José Pereira s'était rendu à
Xinguara à la recherche d'un travail et d'un endroit pour dormir. Il
était alors tombé sur le propriétaire d'"une pension" qui lui avait
offert nourriture et logement: le jeune homme ignorait encore que pour
le payer il devait travailler dans un latifundium, appelé "Espírito
Santo", dupé par "un recruteur" d'esclaves.
Après avoir compris que le maigre salaire qu'on lui promettait ne lui
suffirait pas pour s'acheter de quoi manger, le garçon a pris la fuite
avec un de ses compagnons, se réfugiant dans la forêt. Les "pistoleiros"
ces tueurs-surveillants armés du latifundium les ont débusqués. Ils
ont tué "Panará", son compagnon de fuite et tiré une balle atteignant
José à la tête. Le croyant mort, les tueurs ont enroulé son corps dans
un morceau de plastique et l'ont jeté dans un fossé.
José a réussi à prendre la fuite , puis a demandé de l'aide à la Commission
pastorale de la Terre, la CPT, de l'épiscopat brésilien,
qui s'est occupée de lui fournir une assistance médicale. Le soutien
de la CPT ne s'est pas limité à cela: en 1992, accompagnée par le Centre
pour la Justice et la Loi Internationale, le CEJIL, elle a dénoncé le
gouvernement du Brésil devant la Commission Interaméricaine des Droits
de l'homme pour l'inaccomplissement de son propre devoir dans la lutte
contre l'esclavage et pour ne pas avoir enquêté sur le crime subi par
José.
En novembre 2000, enfin, le gouvernement fédéral a accepté une "solution
à l'amiable" reconnaissant finalement l'existence du travail forcé et
promettant un dédommagement à la victime. Que le Congrès vient de fixer
à 52.000 reals (environ 16.000 euros). Aujourd'hui, la CPT espère que
cet argent sera transféré dans un bref délai sur son compte. Avec l'argent
reçu, José Pereira dit vouloir acheter un lopin de terre".
13 ans après, il sera le premier paysan brésilien à recevoir une forme
d'indemnisation par le gouvernement fédéral. "C'est une grande victoire
contre le travail sous forme d'esclavage, rendue possible par le courage
de José Pereira et par 13 années de bataille politique et judiciaire
de la part de la Commission pastorale de la Terre (CPT) et du ", indique
une note de la CPT. Celle-ci estime qu'il s'agit là d'un signal important
de l'engagement pris par le gouvernement fédéral "pour déraciner la
réalité tragique du travail sous forme d'esclavage, concentré principalement
dans les "fazendas" du sud du Parà". (source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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