23.07.03 - Je suis un homme et je suis un
pasteur .
Dans
quelques jours, le cardinal Agré, aechevêque d'Abidjan
en Côte d'Ivoie, va fêter ses 50 ans de sacerdoce. Le journal
"Fraternité Matin" lui a posé quelques questions
par l'intermédiaire de Marie Adèle Djidjé. Nous
en donnons ici quelques extraits.
A la veille de ce grand événement, quels sentiments vous animent ?
" Un sentiment de joie et aussi de tristesse, mais d'interrogation.
De joie parce qu'il y a un parcours qui a été fait du mieux que j'ai
pu en écoutant le Seigneur. Mais j'aurais voulu faire davantage. C'est
cela qui m'attriste....peut-être qu'on n'a pas fait tout ce que Dieu
a voulu, c'est cela qui amoindrit ma joie. Mais ce qui a été fait, je
crois qu'on l'a fait avec tout son cœur. Que ce soit à Dabou où j'ai
commencé, que ce soit à Bingerville, ou ailleurs à Abidjan à Man à Yamoussoukro...
Que ce soit encore à Abidjan où je suis né, où j'ai travaillé, où j'ai
été vicaire général du cardinal Yago pendant huit ans, Je pense qu'on
a marché et l'histoire était belle"
On vous reproche vos prises de position.
" Je suis un homme tout en étant pasteur. Le pasteur essaie d'être
le plus proche possible de Dieu et des hommes. Les prises de position,
j'en ai pris comme mon prédécesseur en a pris au gré des vents, des
événements...."
Quel regard portez-vous sur l'Eglise Ivoirienne ?
" Mon regard est positif parce que tous les jours qui passent,
Dieu fait le bien par les gens qui sont chrétiens, par les non chrétiens
et quand je regarde l'ensemble, je dis que cela aurait pu être pire...."
"Mais j'ai aussi des craintes. Parce que certains ont tendance
à être des chrétiens courbés. Des chrétiens qui regardent autour ou
bien des chrétiens couchés. Des chrétiens qui regardent surtout leurs
intérêts. Ils ne voient pas ce que Dieu leur dit : regarde, va au large,
jette tes filets, va vers ceux qui pleurent qui n'ont pas à manger donne-leur
à manger, apprends leur à chercher leur nourriture. Les chrétiens engagés
dans la cité c'est cela qu'il faudrait davantage parmi les femmes, parmi
les hommes, parmi les jeunes."
Si on vous demandait de refaire votre vie,
" Si on me demandait de reprendre ma vie, cela veut dire, si j'avais
15 ans après mon certificat d'étude primaire, j'irai tout droit au séminaire.
Parce que je ne regrette rien du tout."
Vos relations avec les autres confessions religieuses.
" Nous croyons tous au même Dieu. Nous l'appelons Allah, nous l'appelons
Dieu, nous l'appelons... Ce que vous voulez. Et nous pensons que vraiment
nous l'aimons. Mais il faut savoir que nous avons une façon d'adorer
Dieu, une façon d'être avec ceux qui ne sont pas de notre religion."
Par rapport à l'insécurité grandissante.
" L'insécurité est un peu partout. On déplore tout de même que
l'Eglise catholique y ait payé un si lourd tribut. Mais nous ne sommes
pas les seuls. Nos frères musulmans aussi se plaignent, donc c'est une
affaire de tout le monde. Quand on voit ce qui se passe, on se dit,
il n'y a plus de référence : des prêtres battus, des évêques attaqués,
battus à Man, les évêques kidnappés à Katiola, cela a été le cas de
Mgr Kélétigui. alors l'évêque de Yamoussoukro.."
Vos rapports avec les hommes politiques ?
" Des rapports normaux. Ceux qui veulent me voir, je les reçois.
Ceux qui ne veulent pas me recevoir, ça, c'est leur affaire. Ceux que
je reçois, je ne les caresse pas toujours dans le sens du poil. Ce que
j'ai à leur dire, je le leur dis. Quand je ne suis pas d'accord avec
eux, je le leur dis. Cela ne fait pas toujours plaisir, mais je crois
que je reste assez libre, ils le savent d'ailleurs."
Le processus de réconciliation ?
" Je demande aux gens d'être sincères, de dire la vérité et de
marcher sur leur parole. Il y a trop de gens qui louvoient. Des gens
qui disent oui, et qui en même temps font non, qui disent nous voulons
la paix, alors que leur cœur fait la guerre. Ces hommes-là nuisent au
processus de paix. Qu'ils soient au sommet, qu'ils soient à la base,
au milieu, s'il y avait un peu plus de vérité, et aussi une volonté
de démocratie, peut-être nous n'en serions pas là."
Votre message aux jeunes.
" Aux jeunes, je dis ça suffit la récréation. Toujours en train
de vouloir casser... Vous cassez, vous n'avez rien, vous cassez. Vous
avez trouvé un pays qui n'est pas au top. Mais quand même la Côte d'Ivoire
est un beau pays. Mettez y quelque chose ne plus. Demandez-vous ce que
vous allez faire pour que votre pays soit plus beau." (source fraternité
matin)
Pour plus d'informations : Agence
Allafrica
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