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01.08.03 - Philippines : Examinez les demandes des mutins.

L'Église catholique aux Philippines n'est pas restée spectatrice de la crise qui a vu 296 militaires de l'armée barricadés dans un centre commercial et résidentiel de la capitale avec près de 300 otages les 26 et 27 juillet derniers.

Les soldats philippins ont accusé les haut gradés de l'armée et certains chefs militaires de corruption, en affirmant qu'ils fournissent des armes aux rebelles islamiques du sud pour justifier de nouvelles interventions et une aide économique accrue des États-Unis. Ils ont d'abord exigé la démission du gouvernement, puis ils ont accepté un accord sans que le sang soit versé après 20 heures de tractations. Dans les heures de crise, la communauté catholique, les évêques, les prêtres, les religieuses et tous les fidèles ont manifesté leur soutien à la présidente des Philippines Gloria Arroyo, qui a publiquement remercié l'Église après la résolution de la crise.

"Examinez leurs demandes et préservez notre démocratie", a déclaré l'archevêque de Cotabato, Mgr Orlando Quevedo, lors d'une interview accordée à "Radio Veritas". Le cardinal Jaime Sin, archevêque de Manille, avait diffusé un document dans lequel il félicitait les soldats d'avoir exprimé leurs griefs, tout en condamnant les moyens utilisés qu'il a qualifiés d'immoraux et illégaux.

Le cardinal Ricardo Videla, archevêque de Cebu, a lui aussi invité tous les fidèles à la prière et a demandé publiquement une solution pacifique. Mgr Orlano Quevedo, archevêque de Cotabato et président de la conférence épiscopale des Philippines, en charge jusqu'en décembre prochain, a invité le gouvernement a enquêter à fond sur les accusations lancées par les militaires mutins et à mettre en acte une série de réformes contre la corruption, tout en condamnant bien entendu les modalités choisies par les soldats pour signaler le problème.

Les évêques philippins, lors de leur assemblée de début juillet, avaient indiqué la corruption comme un des principaux maux de la société philippine, en demandant une législation appropriée et une grande campagne anti-corruption dans tout le pays. Par le passé, un prêtre catholique, le P. Cirillo Nacorda, avait dénoncé un soldat philippin qui était de mèche avec les terroristes d'Abu Sayyaf : l'affaire avait fait beaucoup de bruit dans le pays, mais le Congrès avait classé l'enquête pour manque de preuves.

Les déclarations des soldats montrent que "nos efforts pour une bonne gouvernance sont encore insuffisants", a fait remarquer Mgr Dinaldo Gutierrez, président de la Commission catholique pour l'action sociale, "justice et la paix". Il a appelé le gouvernement à "mettre en place des réformes authentiques et durables, en particulier face à la corruption".

L'évêque Allan Rey Sarte, de l'Eglise unie du Christ aux Philippines, a également parlé dans le même sens: "Si les soldats dénoncent la corruption, la médiocrité de leurs salaires et le manque d'avantages, les masses des travailleurs ont toutes les raisons de se plaindre de la pauvreté, du chômage et de la criminalité dont elles sont victimes", rapporte l'Agence ocuménique ENI.

Le gouvernement philippin a bien entendu démenti les allégations des mutins en accusant des politiciens de l'opposition d'être à l'origine de la mutinerie. La présidente Arroyo a promis de mettre en place une commission indépendante pour examiner les allégations et revendications des soldats. (source : fides/eni)

Pour plus d'informations : Agence Fides et Agence ENI

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