01.08.03 -
Nouvelles tensions entre Rome et Moscou.
Les
relations se sont tendues entre le Vatican et le patriarcat de Moscou
avec la création de l'exarchat d'Odessa-Crimée, en Ukraine, annoncée
lundi par le Vatican et le projet de transférer la métropole
de Lviv à Kiev.
Un important commentaire de l'agence catholique suisse APIC note que
la situation ecclésiale des plus complexes en Ukraine, avec l'existence
de trois juridictions orthodoxes concurrentes et de deux juridictions
catholiques. D'un côté comme de l'autre, commente-t-on de Moscou à Kiev,
les maladresses se multiplient. Et les rancunes aussi. Au point d'entendre
qu'il faudra un jour passer par une "dépolonisation" de l'Eglise catholique
russe.
Il n'en demeure pas moins que "les murs de la séparation n'iront pas
jusqu'au ciel", fait-on remarquer. Reportage à Moscou et en Ukraine.
Une délégation de journalistes de la Fédération Française de la Presse
Catholique (FFPC), parmi lesquels le correspondant parisien de l'Apic,
s'est récemment rendue à Kiev (Ukraine) et à Moscou (Fédération de Russie),
à la rencontre d'une situation ecclésiale complexe. A commencer par
l'existence en Ukraine de trois juridictions orthodoxes concurrentes
- Eglise orthodoxe autonome d'Ukraine (patriarcat de Moscou), Eglise
orthodoxe du patriarcat de Kiev, Eglise orthodoxe autocéphale d'Ukraine
- et de deux juridictions catholiques: l'Eglise latine et l'Eglise gréco-catholique
ukrainienne.
La mise en place d'un clergé très majoritairement polonais, contrecoup
de l'ancienne domination polonaise sur une partie de l'Ukraine, crispe
l'orthodoxie russe, comme c'est également le cas en Biélorussie
et dans certaines régions russes qui ont connu la présence
de travailleurs polonais à différentes périodes
de l'histoire.
Sur le terrain pourtant, des acteurs, tant catholiques qu'orthodoxes,
travaillent à revivifier les relations solidaires qui, pendant l'époque
soviétique, étaient davantage de mise entre les fidèles de ces deux
Eglises soeurs. "C'est hélas mal parti et pour un bon moment", regrette
le Père Le Léannec, qu, depuis des dizaines d'années est le recteur
de l'église Saint-Louis des Français à Moscou, après avoir fait
des études théologiques au séminaire de la Trinité
Saint Serge de Moscou.
"Nos deux Eglises sont responsables et pèchent par manque de compréhension
et d'amour", estime de son côté le Père Georgi Tchistiakov, de la paroisse
moscovite des saints Come et Damien, où exerça le Père Alexandre Men,
haute figure de prêtre et intellectuel assassiné par le pouvoir soviétique.
"L'Eglise catholique est encline à percevoir la Russie comme un
territoire missionnaire à part entière. Nos relations se sont considérablement
dégradées, nous sommes en opposition permanente sur tout le territoire
et je ne vois pas d'issue", déplore amèrement le Père Ioanne Lapidous,
en charge, au patriarcat de Moscou, des relations avec le Vatican. Et
de s'offusquer du "prosélytisme" de l'Eglise catholique que celle-ci
justifie au nom "du refus du concept de territoire canonique".
"De fait, observe le Père Hervé Legrand, religieux dominicain et ex-directeur
de l'Institut supérieur d'études oecuméniques à l'Institut catholique
de Paris, le discours de Rome est passé du langage ecclésiologique,
privilégiant la notion d'Eglises soeurs et le refus de toute expansion
au détriment de l'Eglise orthodoxe sur son propre territoire, au langage
juridique qui met l'accent sur la liberté de conscience et de religion".
Et puis il y a mille et une frictions inutiles, comme la décision de
l'archevêque de l'Eglise catholique latine de Moscou, Mgr Kondrusiewicz,
de se faire appeler "métropolite". Dans l'esprit des orthodoxes, le
titre oriental de ce prélat polonais laisse accroire l'idée qu'il se
perçoit, au fond, comme en terrain conquis. C'est pour eux d'autant
plus insupportable que, selon plusieurs témoins, Mgr Kondrusiewicz aurait
fait une publicité inutile sur les conversions de Russes au catholicisme
- guère plus de deux à trois mille en dix ans selon les estimations.
Certains milieux catholiques se demande pourquoi Moscou se polarise
tant sur le prosélytisme de l'Eglise catholique alors que celui des
nouvelles Eglises protestantes, des Evangéliques surtout, est autrement
musclé, s'étonne-t-on? "Parce que l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe
sont très proches et ne peuvent exister dans la séparation, surtout
dans le monde actuel, monde postchrétien. Nous sommes disposés à renforcer
nos liens avec le Vatican pour peu qu'il fasse des gestes concrets et
amicaux," répond de son côté le Père Ioanne Lapidous. (source : apic)
Pour plus d'informations : Agence
APIC
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