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05.08.03 - Sénégal : Inquiétude des femmes chrétiennes

L'islam et le christianisme au Sénégal seront sollicités à propos de l'égalité des sexes et de l'intégration de la femme dans le développement socio-économique du pays.

Le Sénégal va en effet se baser sur l'avis des chefs religieux musulmans et chrétiens pour intégrer la notion de "genre" dans ses politiques, plans et programmes de développement. Le gouvernement a pour ce faire réuni les représentants de l'islam et des catholiques pour recueillir leurs avis et suggestions sur la question. "Il ne s'agit pas de toucher les règles préétablies par le Coran ou la Bible, mais, plutôt d'éclairer sur la situation (en se basant sur des versets, sourates ou hadiths) pour combattre les disparités entre hommes et femmes, lutter contre les discriminations fondées sur le sexe et assurer l'équité et l'égalité nécessaires à un développement humain durable", a déclaré Awa Guèye Kébé, ministre de la Famille et de la Solidarité nationale.

Depuis début avril, le Sénégal connaît un vif débat sur la réforme du code de la famille. Cette campagne, lancée par les familles et associations islamiques, vise à reléguer la femme au second plan. L'abbé Jacques Seck, responsable de la pastorale des malades à Dakar et représentant de l'Eglise catholique dans la consultation, a rappelé, lors de la concertation que présidait la ministre sénégalaise, la grande admiration que le Christ a pour la femme.

Mieux, a-t-il ajouté, dans beaucoup de chapitres de la Bible, il n'est pas fait de différenciation entre l'homme et la femme. Par exemple, dans la Genèse, dit-il, il n'existe aucune difficulté allant dans ce sens. La question du genre, a-t-il poursuivi, traverse les saintes écritures de la Bible. Ce sont les coutumes, pas la religion, qui sont discriminatoires.

Cependant, il y a "une ligne de démarcation" entre les textes régissant la religion chrétienne, dans la mesure où, selon lui, il existe des textes de la Bible qui sont faciles et qui ne peuvent souffrir d'aucune contradiction. Parallèlement, se greffent à ces textes, d'autres textes qui ont subi les contrecoups de l'interprétation par des tiers. "Du fait des erreurs, ils sont susceptibles de générer des erreurs", a-t-il souligné.

Yahiya Aïdara, imam et membre du "Réseau islam et population" a déclaré pour sa part, que dans aucune religion, la femme n'est reléguée au second plan. Au contraire, ce sont les traditions et les coutumes qui jouent sur la position de la femme en faisant de sorte qu'elle vive dans une situation où elle se trouve inférieure à l'homme.

De son côté, Abdoul Aziz Kébé, enseignant à l'Université de Dakar et expert en islam, population et développement, a déploré la tendance misogyne collée trop souvent à tort à l'islam. "Ce n'est pas exact, car cette religion a commencé à apporter une révolution extraordinaire pour la femme en inversant l'échelle des valeurs". Auparavant, a-t-il indiqué, la femme n'était pas considérée comme un être humain ayant la possibilité de participer à la construction sociale avec la capacité d'entreprendre, d'avoir son propre patrimoine.

Un autre islamologue sénégalais, Taïb Socé a demandé à ceux qui sont obnubilés par la quête effrénée de modernité, de faire preuve d'une grande vigilance, car, a-t-il souligné, "on doit avoir toujours à l'esprit que les textes sont sacrés".

La campagne pour la révision du code la famille a suscité une grande inquiétude chez les chrétiens sénégalais. Le président Abdoulaye Wade a déclaré en mai qu'il ne le modifierait pas. Ce code de la famille est en vigueur dans le pays depuis juin 1972. Malgré la déclaration du président Wade, les adversaires du code ont multiplié leurs attaques ces dernières semaines. Ils ont annoncé qu'ils vont maintenant transférer le débat dans les mosquées. (source : )

Pour plus d'informations : Agence APIC

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