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08.08.03 - Israël : Une loi discriminatoire.

Une puissante organisation juive américaine qui lutte contre le racisme et l'antisémitisme, la Ligue Anti-Diffamation, ADL, critique la nouvelle loi sur la citoyenneté adoptée la semaine dernière par la Knesset.

Cette loi est discriminatoire parce qu'elle vise à empêcher les Palestiniens d'acquérir la nationalité israélienne ou le statut de résidents par le biais de mariages avec des Arabes israéliens. L'ADL a publié lundi aux Etats-Unis une prise de position plutôt inhabituelle, car, comme les autres organisations juives américaines, elle s'abstient d'ordinaire de critiquer la politique de l'Etat d'Israël.

Une telle loi, examinée également de près par l'administration américaine, traduit la crainte croissante de l'Etat d'Israël - qui se définit comme un Etat juif, bien qu'un cinquième de sa population ne soit pas juive - de voir son identité juive peu à peu érodée. "Israël doit protéger son identité en tant qu'Etat", justifie l'analyste israélien Eitan Gilboa en défendant ce texte, voté jeudi dernier par la Knesset par 53 voix contre 25 et une abstention à l'instigation du gouvernement de droite d'Ariel Sharon.

Cette disposition légale, adoptée pour une durée d'un an, eest une loi "raciste", dans la mesure où elle ne vise qu'un groupe ethnique. Cette loi revient à s'ingérer dans la vie privée des gens dans la mesure où elle interfère avec "leur droit à tomber amoureux de quelqu'un d'autre", déclare Jaafar Farah directeur du Centre Moussawat, un organisme de défense des droits de la minorité arabe israélienne basé à Haïfa. Le Centre Moussawat estime que plus de 21.000 familles seront affectées par cette mesure, qui ne concerne que les Palestiniens.

Le ministre chargé des relations avec le Parlement, Gideon Ezra, membre du Likoud, a justifié la mesure discriminatoire en indiquant que 30 Israéliens avaient été tués par des Palestiniens devenus israéliens par mariage. Il a aussi estimé à "plus de 100.000" le nombre de Palestiniens devenus Israéliens depuis les accords d'Oslo de 1993. Pour lui, "le phénomène a pris des allures incontrôlables" et menace la nature juive de la société israélienne.

De son côté, l'Union Européenne a également réagi négativement en estimant qu'une telle loi discriminatoire pourrait faire obstacle à la possibilité d'un plus grand rapprochement entre Israël et l'UE dans le cadre de l'initiative de l'Union Européenne élargie. L'ambassadeur de l'UE en Israël, Giancarlo Chevellard, a relevé que la nouvelle législation "établit un régime discriminatoire au détriment des Palestiniens dans le domaine très sensible des droits de la famille." L'UE va elle aussi examiner si cette loi est compatible avec le droit international et les principes fondamentaux des droits humains".(source : apic)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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