12.08.03 -
Libéria : Des armes et des aliments.
"Je
ne comprends pas pourquoi à l'aéroport de Monrovia peuvent arriver dix
tonnes d'armes pour les soldats gouvernementaux mais pas les aides humanitaires
pour ces gens désespérés. Je vois des personnes mourir sous mes yeux
et je trouve cela incroyable que l'on ne puisse rien y faire".
Telles sont les paroles du P. Mauro Armanino, supérieur régional de
la Société des Missions Africaines (SMA) après la nouvelle d'un
chargement d'armes destiné aux soldats gouvernementaux ayant atterri
à l'aéroport de la capitale en totale violation de l'embargo de l'ONU
et qu'ont intercepté les soldats nigérians de la force africaine de
paix.
"Je me trouve au centre d'accueil provisoire de Keneja, à Elwa, dans
la périphérie méridionale de la capitale", dit-il à l'Agence Misna,
qui l'a contacté par téléphone. "Devant moi se trouvent environ 3.000
personnes qui, depuis longtemps, ne reçoivent aucune assistance, mis
à part quelques médicaments. On a besoin de nourriture: je me suis rendu
ici il y a deux semaines et je vois la différence sur les visages des
personnes. J'ai vu quelques personnes âgées allongées par terre qui
ne font qu'attendre leur propre fin, ils sont littéralement en train
de mourir de faim. Egalement parmi les enfants la dénutrition est élevée".
Les agences humanitaires ne peuvent pas accéder pour le moment au port
de Monrovia, sous le contrôle des rebelles, qui avaient dit dans le
passé vouloir en accorder l'utilisation aux organisations humanitaires
internationales, à moins de changer d'idées. "Je ne m'explique pas comment
se fait-il que l'aéroport ne soit pas encore utilisé pour les aides
humanitaires", poursuit le P. Armanino, "il se trouve à cinquante kilomètres
de Monrovia et il est bien relié. Après l'arrivée des forces de paix,
les gens attendent à présent l'intervention de l'assistance de la communauté
internationale. Mais on ne peut pas résoudre en peu de temps une situation
d'extrême vulnérabilité et de destruction qui perdure depuis des années".
Des sources de l'Agence Misna à Monrovia confirment que la capitale
est actuellement en proie à des saccages sur large échelle, conduits
par les rebelles du LURD (Libériens Unis pour la Réconciliation et la
Démocratie) comme par les soldats demeurés fidèles au président Charles
Taylor. Quelques commerçants de Monrovia qui se sont réfugiés en Guinée
auraient payé des sommes consistantes aux rebelles - parmi lesquels
figurent des mercenaires de Guinée et de la Sierra Leone - pour sauver
de l'assaut leurs propres magasins de la capitale. Mais l'expédient
n'aurait servi à rien du tout: les bandes de rebelles procèdent quand
même aux pillages, tout comme les gouvernementaux, dérobant tout ce
qu'ils peuvent à Monrovia, ville d'un million d'habitants en train de
mourir de faim. (source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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