15.08.03 -
Côte d'Ivoire : Danser et chanter pour Dieu.
En
Côte d'Ivoire, la pluie d'albums, la floraison des concerts, affirment
que la musique chrétienne est en plein boom depuis quelque temps et
qu'elle a franchi les portes des Eglises pour conquérir les bars et
les discothèques.
Un reportage du "Patriote" d'Abidjan en fait une intéressante
analyse. Vendredi 1er août. Près de quatre mille personnes chantent,
dansent, acclament la "Harpe de David" au palais de la Culture. Deux
jours plus tard, au même endroit, plus de trois mille âmes, débout,
vibrent au son des chants de Maria Adé, O'Nel Mala et du groupe "Schekina".
Ce succès populaire de ces deux spectacles confirment l'essor de la
musique chrétienne actuellement.
Confinés dans les Eglises, il y a encore quelques mois, les chantres
chrétiens rivalisent, aujourd'hui, les mêmes scènes que les artistes
de la musique dite profane. Mieux, leurs oeuvres caracolent en tête
des hits. Nouvellement converti, Dézy Champion figure avec son dernier
album ("J'ai pleuré... Amen" !) parmi les meilleures ventes du marché
du disque.
Pour Charles Elchanann Alao, chantre-vedette du célèbre groupe chrétien
"Schekina", cette effervescence est imputable au fait que tout le monde
est à la recherche de Dieu. "C'est dû, explique-t-il, au fait que les
gens se sont rendus compte qu'il n' y a que Dieu qui est la solution".
O'Nel Mala, lui, pense plutôt que ce phénomène a, quelque peu, décomplexé
les Chrétiens. "Il était très difficile d'applaudir, de danser à l'Eglise.
Il était aussi très difficile de très bien s'habiller pour aller à l'Eglise",
affirme-t-il.
Charles Alao, insiste, lui, sur la richesse de cette musique. "Il y
a aussi le fait que la musique des artistes chrétiens a été portée à
un niveau de perfection élevé. Elle tient tête aux musiques dites profanes
tout simplement parce qu'il y a un volume d'intensité dans la musique
qui est produite. Et puis, les gens se disent, si on a la bonne musique
avec Dieu, c'est mieux que sans Dieu"', renchérit-il.
Toutefois, chantres et érudits de l'évangile restent divisés quant au
choix des supports musicaux. "Il n'existe pas de musique profane, toute
musique appartient à Dieu", confiait récemment Léa N'Gotta, chantre
et lead vocal de la "Harpe de David", dont certaines productions ont
largement dépassé les cent mille en Côte d'Ivoire.
Mais tout le monde ne pense pas ainsi, tel le pasteur Vincent Benny
de l'Eglise évangélique internationale. "Certes, révèle-t-il, la musique
est universelle mais le Rock est démoniaque. Cette musique est donc
proscrite aux chantres chrétiens". "L'ensemble des chansons chrétiennes,
dit-il encore, vise à dire que Jésus est la solution. C'est bien, mais,
il n' y a pas que ça dans la vie parce que la bible renferme de grands
enseignements". Pour lui, "chanter que Jésus est vivant" ne peut pas
amener le profane à changer de comportement.
La louange, souligne-t-il, est ordonnée par Dieu. "Celui qui loue Dieu,
poursuit-il, doit se comporter comme un sacrificateur. Il doit être
un modèle dans sa sphère d'artiste. N'importe qui ne loue pas Dieu.
Il faut séparer nos émotions du service de Dieu". Toute chose qui amène
les évangélistes à souhaiter que les chanteurs se forment. "Les
chantres ne peuvent même pas expliquer le sens profond des paroles qu'ils
chantent".
Ce qui fait dire à l'évangéliste Marthe Dion que "les chantres sont
avant tout des lévites, des gens consacrés". Et d'ajouter : "Beaucoup
chantent pour de l'argent, même si la bible dit que l'ouvrier mérite
son salaire. Ils se souviennent du gain de la porte de leur message".
Pour le chanteur O'Nel Mala, chacun a sa façon de servir Dieu. "Il y
en a qui viennent pour se servir avant de servir Dieu. Et ces personnes,
on les reconnaît immédiatement. Pour ceux qui viennent vraiment servir
Dieu, ils font le travail et Dieu les bénit", indique-t-il.
Cela dit, les chantres avertis restent sereins quant à savoir si le
public est plus attentif à la mélodie qu'aux textes. "Moi, j'avoue qu'on
n'a pas peur que des gens dansent. Les cassettes sont faites pour que
les paroles soient écoutées à la maison. En général, les gens dansent
quand il y a une assemblée", sourit Alao Charles. Pour O'Nel Mala, la
danse ne constitue pas un frein au message : "Que ça soit en dansant
ou en chantant que tu reçois la joie, le plus important, c'est que la
parole de Dieu est en train d'être véhiculée". Qu'ils soient guidés
par une profession de foi ou une ambition pécuniaire, les chantres se
réjouissent du boom de la musique chrétienne. Après tout, cela ne leur
procure-t-il pas, popularité et notoriété. (source : le patriote)
Pour plus d'informations : Agence
Allafrica
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