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19.08.03 - Israël : L'asphyxie des refus de visas.

Contrairement aux déclarations lénifiantes du gouvernement israélien, la politique d'octroi des visas pour les prêtres et religieux chrétiens ne s'est pas assouplie depuis les dernières élections.

Des dizaines de franciscains de la Custodie de Terre Sainte n'arrivent pas à renouveler leur autorisation de séjour. La protestation internationale contre la politique restrictive d'Israël en matière d'autorisations de séjour pour le personnel religieux (refus de visas pour près d'une centaine de religieux et religieuses en deux ans) n'a pas vraiment porté des fruits, car on est loin de la normalité. Seuls quelques visas ont été accordés.

Alors que Gadi Golan, directeur du Département pour les Affaires interreligieuses au ministère israélien des Affaires étrangères, claironnait en mai dernier urbi et orbi une nouv elle politique des visas pour le personnel religieux, la situation est loin d'être débloquée. Les franciscains de Terre Sainte se plaignent désormais publiquement de la politique restrictive d'Israël en matière d'autorisations de séjour. Sur quelque 150 Franciscains présents dans la région, près de 25 n'ont pu régulariser leur situation.

"Un de nos novices n'a même pas osé retourner chez lui à l'étranger pour l'enterrement de son père", dénonce le Père Vincent, de la Custodie franciscaine de Terre Sainte. La raison: n'ayant plus de visa valable pour Israël, il craignait de ne pouvoir revenir. "Parce que nous n'avons plus suffisamment de gens qui peuvent venir, il n'y plus que deux moines dans nos lieux saints à Capharnaüm", poursuit le religieux franciscain. "Nous avons envoyé les demandes de visas, nous avons joint une lettre de recommandation du Ministère des Affaires religieuses et versé quelque 30 Euros pour l'établissement du dossier, mais le Ministère de l'Intérieur ne donne pourtant pas de visa".

Quelques demandes avaient même une mention des services secrets, car le "curriculum vitae", chaque demandeur est soigneusement examiné, étant donné que de nombreux novices viennent de pays arabes comme le Liban, la Syrie ou la Jordanie pour étudier à Jérusalem. Cesar Margie, qui dirige la section des Affaires chrétiennes au Ministère israélien des Affaires religieuses a exprimé son "désespoir": "Chaque semaine, je me rends personnellement au Ministère de l'Intérieur, mais là-bas, il n'y a personne avec qui l'on peut parler. Tous les papiers sont en ordre, et nous ajoutons une lettre de recommandation, mais les demandes ne sont même pas examinées. Je n'ai aucune idée pourquoi!"

Certaines demandes sont à l'examen depuis le mois de janvier. "Nous n'osons même plus déposer de nouvelles demandes", lâche le Père Vincent. D'autres institutions religieuses, dont des Eglises et des organisations humanitaires, font face aux mêmes problèmes. Le refus de visas pour les collaborateurs des institutions ecclésiales avait atteint un point culminant quand les affaires étaient aux mains d'un ministre appartenant au parti ultra-orthodoxe sépharade Shas, mais son successeur du parti laïc Shinouï n'a pas changé les choses comme on aurait pu l'espérer.

A une question envoyée par fax au Ministère de l'Intérieur par le correspondant de l'Apic, on a seulement répondu qu'il y aurait une réponse dès que la question aura été examinée. D'après l'expérienc e, la réponse peut attendre des semaines voire des mois, à moins qu'après un rappel téléphonique, on apprenne que "le fax a été égaré". Le refus de visas menace la survie des institutions chrétiennes de Terre Sainte, dénonçaient encore en mars dernier les Eglises locales. Depuis deux ans, en violation flagrante de l'Accord fondamental signé le 30 décembre 1993 avec le Vatican, les autorités israéliennes refusaient d'octroyer des visas à près d'une centaine de prêtres et de religieuses catholiques, ainsi qu'à des étudiants des institutions catholiques. Gadi Golan déclarait en mai dernier que les collaborateurs des Eglises concernées re cevront en principe des visas, après que les contrôles de sécurité aient été préalablement effectués. (source : apic/kna)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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