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22.08.03 - Jordanie : Les crimes d'honneur.

Un nouveau "crime d'honneur" - le troisième de ce genre en un mois dans le Royaume hachémite - a été révélé mercredi par la presse jordanienne.

Un jeune de 19 ans a en effet avoué à la police avoir étranglé sa soeur cadette âgée de 16 ans, soupçonnée à tort d'avoir eu des relations sexuelles avec un inconnu. Le corps de la victime a été retrouvé dans un sac dans la ville de Zarka, à 25 km au nord-est d'Amman, la capitale jordanienne. Le frère a confessé avoir étranglé sa soeur "pour laver l'honneur de la famille parce qu'elle avait disparu de la maison deux fois au cours du mois dernier", souligne le rapport de police.

Un "homme d'honneur" ne peut être pour un crime d'honneur car il se se justifie ainsi: "La soumission des femmes est une chose naturelle que seuls les Occidentaux ne comprennent pas. Et ces derniers, convaincus de la prééminence de leur civilisation, sont enclins à penser que les crimes d'honneur relèvent de pratiques féodales." Officiellement en Jordanie, environ 24 femmes sont assassinées chaque année sous le prétexte de préserver "l'honneur" de la famille.

Le combat de quelques militantes féministes contre ces coutumes d'un autre âge est soutenu par la famille royale. Le jeune roi Abdallah II et sa femme Rania en ont condamné publiquement la pratique. Malgré les recommandations royales, le Parlement jordanien a rejeté massivement l'abolition de l'article 340 du Code pénal jordanien qui prévoit la clémence pour les crimes commis en état de "furie". L'article prévoit l'exemption de la peine si un homme tue sa femme ou parente après l'avoir prise "sur le fait d'adultère avec autrui." Il stipule une peine moins lourde si un homme tue sa femme ou parente après l'avoir découverte "avec autrui dans un lit illicite".

Ces femmes et ces filles n'ont personne à qui recourir et aucun endroit où chercher refuge. Il n'y a pas de centre d'accueil pour les femmes en Jordanie. Le seul endroit protégé dont les femmes, victimes d'agressions de toutes sortes, disposent, c'est la prison. Violées, ou tout simplement soupçonnées par un frère ou un père d'avoir entretenu une relation extraconjugale, ces jeunes filles sont envoyées en prison, en principe pour éviter le pire. Par ironie, leur libération ne peut être obtenue que par un parent, qui devient souvent leur assassin. Amnesty International dénonce le fait que des assassins de femmes ou de filles pour des questions d'honneur ont bénéficié des dispositions de l'article 98 du Code pénal.

Bien que la charia, la loi islamique, ne soit pas en cause, ce sont en fait dans les pays à majorité musulmane que ces pratiques sont les plus répandues, alors que paradoxalement la charia, la loi islamique, protège la femme en exigeant la production de quatre témoins pour prouver l'adultère, preuve très difficile à fournir. Prises au piège du conditionnement culturel, les femmes musulmanes sont victimes de la recrudescence de certains mouvements islamistes radicaux. C'est le cas, en particulier, du Pakistan qui détient la "palme de l'horreur", avec un millier d'assassinats par an. (source : apic)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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