29.08.03 -
Rwanda : Les Eglises devant les élections.
Le secrétaire de la Conférence épiscopale remet les élections en question
"De nombreux électeurs ont subi des intimidations ... Les proportions
de ce résultat me semblent vraiment étranges."
"Les grands thèmes sociaux ont été absents de la campagne électorale:
personne n'a parlé de santé et d'instruction ou de la façon dont faire
sortir le pays de la pauvreté croissante", déplore Mgr Callixte Twagirayezu,
secrétaire de la Conférence épiscopale du Rwanda. Le prélat commente
ainsi les élections, les premières depuis le génocide de 1994, qui s'est
conclue hier par la victoire écrasante du président sortant Paul Kagame
avec 95,05% des voix.
"Les proportions de ce résultat me semblent vraiment étranges: personne
n'avait de doute quant à la réélection du chef d'état mais je ne crois
pas que seuls 100.000 sur les 4 millions d'électeurs aient voté pour
son principal adversaire, Faustin Twagiramungu, qui a obtenu 3,62 pour
cent des voix", observe encore le prélat, dans une interview accordée
à l'Agence Misna.
Mgr Twagirayezu, ex directeur de la section rwandaise de la Caritas,
précisant qu'il parle à titre personnel, souligne que "de nombreux éle
cteurs ont subi des intimidations et ont été obligés d'orienter leurs
propres préférences. Les gens ne se sont pas sentis libres de voter
librement". Ces mots lourds de sens viennent s'ajouter aux accusations
lancées hier contre les autorités rwandaises par le candidat de l'opposition
vaincu.
"J'ai appris avec regret aussi le fait qu'à la veille du vote Alivera
Mukabaramba, la seule femme en lice pour les présidentielles, a renoncé
à sa candidature. Je crois qu'une présence féminine aurait représenté
une alternative valable pour un certain pourcentage d'électeurs". Un
manque évident de débat politique Le vrai problème, souligne Mgr Twagirayezu,
est "le manque de débat politique, qui se manifestera de façon évidente
avec les élections législatives prévues pour fin septembre.
Le Front Patriotique Rwandais (FPR, parti au pouvoir depuis 1994 et
guidé par Kagame) fera sa campagne électorale dans les zones rurales
et obtiendra la majorité des sièges. Nous aurons ainsi un parlement
monocolore sans aucun poids politique". "L'Eglise rwandaise, dit-il
encore, a apprécié les efforts des autorités ces dernières années pour
garantir la sécurité interne du pays et pour l'organisation de l'administration
locale".
Mais il faut autre chose: "Quelqu'un devrait avoir le courage de voir
les problèmes réels du Rwanda et de les affronter", s'exclame le prélat,
"car les familles s'appauvrissent toujours davantage et n'ont pas d'argent
pour payer leurs frais de santé ou l'instruction de leurs enfants .
Les gens sont toujours plus pauvres ici. Le paradoxe est que les choses
vont ainsi pour la majorité tandis qu'une élite réduite continue de
s'enrichir". (source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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