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02.09.03 - COE : On peut y discuter les questions qui se posent aux Eglises.

Le pasteur Samuel Kobia, premier secrétaire général africain au Conseil oecuménique des Eglises, a tenu sa première conférence de presse, ce vendredi 29 août 2003, dans le cadre du Comité central qui se tient à Genève cette semaine.

Il a bien sûr parlé de la "touche africaine" qu'il ne manquera pas d'apporter à la fonction qu'il prendra début janvier 2004 : "J'ai cette capacité, comme on le dit des Africains, d'espérer même s'il semble n'y avoir aucun espoir : la capacité de célébrer la vie même quand c'est la mort qui domine, la capacité d'avoir de l'espoir même quand il semble ne plus y en avoir. Le mot clé, c'est ubuntu, du mot zoulou des luttes anti-apartheid : ce qui rend l'humain humain. Ce qui a permis aux Africains de continuer leurs luttes, ce qui est africain en moi, c'est l'ubuntu. Les relations permettent aux être humains de devenir complets.

Or je sais écouter. J'espère pouvoir apporter personnellement au COE cette attention aux relations !" Dans cette perspective, Kobia se déclare familier avec la prise de décision par recherche de consensus, courante dans la culture africaine, et dont le principe a été adopté par le COE pour son fonctionnement. Même si le processus peut prendre plus de temps que dans le modèle parlementaire à l'occidentale, le résultat en vaut la peine, laisse-t-il entendre.

Dans ses remarques d'ouverture, Samuel Kobia a relevé l'importance de marcher ensemble, "c'est ce qui nous permettra de rester unis, en tant que mouvement oecuménique". Notre unité repose sur le fait que nous poursuivions ensemble ce voyage spirituel : "rester ensemble, c'est ce que Christ nous a demandé : que nous soyons un pour que le monde croie."

Dignité humaine, intégrité de la création, et dialogue interreligieux sont les trois thèmes qu'il considère comme prioritaires d'ici à la prochaine Assemblée générale du COE prévue en 2006 à Porto Alegre (Brésil). A ses yeux, ces orientations s'inscrivent dans une vision centrée sur la vie dans son entièreté, plutôt que sur l'être humain en particulier, une "cosmovision". Samuel Kobia a également évoqué le XXe siècle, mené par la politique des idéologies, et sa conviction que le XXIe siècle sera mené par la politique des identités. Le rôle des religions sera décisif pour vivre la pluralité de ces identités.

Une approche multireligieuse est nécessaire pour surmonter les violences. Le COE s'est engagé dans cette direction avec sa "Décennie vaincre la violence".

Samuel Kobia a insisté sur l'importance vitale de former les jeunes à l'oecuménisme comme l'ont été les plus anciens. Les jeunes seront présents aux différentes réunions prévues, certains d'entre eux au Liban en novembre prochain déjà, pour les encourager à participer à la reconfiguration du mouvement oecuménique.

Répondant à la question d'un journaliste sur certains sujets qui divisent les Eglises, comme la place de la femme en son sein ou l'accueil de pasteurs homosexuels, Samuel Kobia a indiqué qu'à son avis, le COE est actuellement le seul lieu où l'on peut se retrouver pour évoquer les expériences et discuter des questions qui se posent aux Eglises, y compris celles sur lesquelles les approches sont très différentes comme pour tout le domaine de la sexualité humaine.

Mais il faut comprendre que les points d'entrée dans ce domaine varient selon le contexte. "Les Africains ont de la peine à en parler, mais le problème du SIDA les y contraint. En Asie, le point d'entrée est la violence sexuelle. Au COE, la discussion peut s'engager sans que l'on doive se précipiter vers une prise de position définitive." (source : coe)

Pour plus d'informations : Conseil oecuménique des Eglises

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