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09.09.03 - Zimbabwé : La torture érigée en système.

Le régime répressif du président Robert Mugabe au Zimbabwe est dans le collimateur des évêques sud-africains et zimbabwéens, qui viennent de publier un rapport accablant.

Dans ce document explosif, ils accusent le régime Mugabe d'ériger la torture en système politique et de gouvernement et dénoncent les exactions commises par les milices de jeunes dans le cadre du Service National de la Jeunesse (Snj). Le rapport de "Solidarity Peace Trust" (SPT), qui regroupe des évêques d'Afrique du Sud et du Zimbabwe, a été rédigé sur la base de témoignages et d'auditions de partisans du chef de l'Etat zimbabwéen.

Dans son document publié vendredi à Johannesburg, le SPT démontre que des jeunes, proches de Robert Mugabe et enrôlés dans le "Service National de la Jeunesse" (Snj), se sont rendus coupables en toute impunité de graves exactions, dont des tortures, viols, incendies, meurtres et autres atrocités. Les jeunes du Snj commettent des atrocités avec le blanc-seing du pouvoir en place à Harare et s'en prennent notamment aux membre du parti d'opposition MDC (Movement for Democratic Change) et aux fermiers blancs, dénoncent les évêques.

Premier visé, le Snj, désigné comme une organisation "patriotique", mais qui est en réalité une milice créée en 2001 par le pouvoir (aux mains du parti ZANU-PF de Mugabe) dans le seul but de réprimer l'opposition. En deux ans, entre 30.000 et 50.000 jeunes - garçons et filles - ont été enrôlés et formés dans des camps de sinistre réputation. Les membres du Snj sont endoctrinés, armés et souvent sous l'influence de l'alcool ou de la drogue quand ils passent à l'action.

De nombreuses jeunes filles ont été violées dans ces camps par leurs camarades ou les adultes chargés de leur endoctrinement. Outre les grossesses non désirées, les victimes sont souvent ensuite infectées par le virus du sida. Plusieurs membres du Snj ont fini par fuir vers l'Afrique du Sud. Ils confessent aujourd'hui leurs crimes devant la presse sud-africaine. Les évêques du Zimbabwe et de l'Afrique du Sud les ont fait témoigner.

Vice-président du SPT, l'évêque catholique sud-africain Kevin Dowling, évêque de Rustenburg, s'est insurgé contre le soutien dont bénéficie en Afrique le régime de Robert Mugabe. "Je trouve absolument honteux que les dirigeants sud-africains, au nom de la diplomatie discrète, ferment les yeux sur ce qui est clairement contre la dignité humaine de nos frères africains", a-t-il déclaré sur les ondes de Radio France Internationale. Il a dit sans ambages à la presse que les abus systématiques des milice s "équivalent à des crimes contre l'humanité, qui à notre avis, devront être déférés devant une Cour internationale", a-t-il déclaré.

Le SPT exige la fermeture des camps du Snj et souhaite que les responsables de crimes passent devant la justice. Un autre prêtre sud-africain qui rentre d'une mission au Zimbabwe, a éclaté en sanglots, en évoquant la torture pratiquée par système de gouvernement. Pour sa part, le président du SPT, Mgr Pius Ncube, archevêque catholique de Bulawayo, au sud-ouest du Zimbabwe, a exprimé son scepticisme face aux négociations avec le pouvoir dans son pays: "Ils (les dirigeants) ne sont pas intéressés par un dialogue parce qu'ils profitent de la situation actuelle." L'Eglise zimbabwéenne a entrepris au cours de ces derniers mois une médiation entre le pouvoir et l'opposition. (source : apic)

Pour plus d'informations : Agence APIC

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