11.09.03
- Tchad : Le sort des enfants-bouviers.
"L'Eglise ne peut tolérer le fait qu'une une partie de la population
considère l'autre comme une population servile, taillable et corvéable
à merci, ni qu'on arrive avec des menaces à leur extorquer jusqu'à leurs
progénitures pour en faire des êtres sous-humains".
Mgr Edmond Djitaangar, évêque de Sarh au sud du Tchad, a fait cette
déclaration sur les ondes de Radio Lotiko, la radio diocésaine
locale, au sujet des difficiles conditions de vie des enfants bouviers,
vendus par leurs familles d'agriculteurs aux éleveurs nomades pour garder
leurs troupeaux. La radio a dénoncé à plusieurs reprises ces dernières
semaines les mauvais traitements subis par un grand nombre d'enfants
bouviers, battus parfois jusqu'à la mort par leurs patrons.
"Nous avons été les tous premiers à repérer cette situation anormale
d'enfants bouviers" a commenté l'évêque, "moi-même qui
vous parle, c'est depuis 1987-1988 , alors que j'était encore curé à
Danamadji, que je connais le phénomène. Mais, au fil des ans, il s'est
amplifié à tel point qu'il est devenu une question nationale".
Il lance un appel à toute la population de la région du Moyen-Chari,
qui comprend son diocèse, pour lutter contre l'esclavage dont sont victimes
les enfants bouviers: "Je crois que nous avons à faire à une carence
de solidarité. Quand il y a des problèmes, c'est chacun pour soi, chacun
cherche à se mettre en sécurité, chacun veut sauver ses propre intérêts.
Nous revenons à un égoïsme qui est entretenu et encouragé. Je pense
que les chrétiens doivent être les premiers à prendre conscience de
cela et entraîner les autres dans ce mouvement de solidarité ".
... "Tout Tchadien est égal à tout autre" insiste l'évêque de Sarh,
rappelant que "la République suppose une égalité de droits et de devoirs
entre tous les citoyens" . "Je pense que les autorités les plus hautes
doivent se rendre compte que la garantie de la paix et de la prospérité
de notre pays dépend de la capacité de créer une société solidaire nationale"
a-t-il souligné.
Mgr Djitaangar relève tout de même des signes d'espérance. "J'ai appris
que des gens ont interpellé un enfant qu'on enlevait et qu'ils l'avaient
restitué aux autorités" a-t-il déclaré à radio Lotiko, "j'ai applaudi
très fort cette action des habitants du quartier Kassaï. C'est un exemple
à imiter. J'encourage les gens à être vigilants, à s'organiser pour
ne pas permettre que devant leurs yeux, au vu et au su de tous, se commettent
de tels actes de barbarie d'un autre âge".
... "Je voudrais que les gens soient capables d'interpeller tous les
enfants de passage, toutes les personnes, qui ne sont pas parents et
qui traînent des enfants de gauche à droite. Chez nous ici, parce que
nous sommes pauvres, on nous corrompt avec de l'argent. Mais ailleurs,
les populations s'organisent pour poursuivre les ravisseurs d'enfants
et j'encourage cette action. Il ne faut pas seulement poursuivre les
voleurs de bœufs, mais poursuivre des ravisseurs, parce que les enfants
sont beaucoup plus importants que les bœufs". (source : misna)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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