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15.09.03 - Guinée-Bissau : L'Eglise et le coup d'Etat.

La junte militaire guinéenne, protagoniste du putsch, entend créer un Conseil National de Transition et elle a déjà invité tous les représentants des partis politiques, de la société civile et les autorités judiciaires et religieuses, à participer à la table ronde, dont l'évêque de Bissau, Mgr José Câmnate Na Bissign.

Depuis plus d'un an les représentants de l'Eglise catholique exprimaient un point de v ue pessimiste : "En Guinée Bissau, il y a un terrible manque de projets et de perspectives. L'effet de cette situation sur la population est dévastatrice", selon les paroles de Mgr Pedro Carlos Zilli, évêque de Bafatá. Il avait alors établi une analyse peu consolante de la crise dans laquelle le pays africain ne cessait de plonger et soulignait qu'il ne restait peu de chose du climat idéaliste que l'on respirait après la fin de la sanglante guerre civile qui avait éclaté en juin 1998.

Il dénonçait la stagnation substantielle de l'ex colonie portugaise, aux prises avec une progressive paralysie du processus de développement. Même les organisations humanitaires et les ONG étaient moins actives que dans le passé. " Il manque la confiance dans le futur de la nation, que ce soit au sein de la population, que parmi les potentiels investisseurs étrangers", observait-il, "lesquels constatent le manque général de sécurité et sont désorientés par l'absence d'interlocuteurs stables".

Dans le cadre du gouvernement, en effet, on assistait désormais depuis longtemps à une succession rapide de personnages qui parfois ne duraient à la tête d'un ministère que quelques semaines. "Les politiciens et la classe dirigeante", se lamentait l'évêque de Bafatá, "devraient faire preuve d'une capacité de dialogue qui est absente en ce moment. On ne peut pas systématiquement privilégier les luttes politiques au détriment des intérêts du pays".

D'autre part, même les espoirs de rénovation des nombreux niveaux de leadership, expliquait-il, "sont frustrés par la fuite continue des cerveaux. Le flux migratoire est en croissance continue vers l'Europe, comme vers les autres Etats africains. Les grands esprits s'en vont, en appauvrissant ultérieurement la Guinée Bissau et en réduisant progressivement ses perspectives de développement. Il faudrait offrir aux expatriés les conditions nécessaires pour les induire à rentrer, mais c'est le contraire qui se vérifie".

Un an après ces constatations, Mgr Na Bissign peut déclarer : “Cela a été un putsch indolore; oui, comme je l'ai déjà défini à la presse internationale, il s'est traité comme un putsch en gants de velours". Le coup d'Etat de dimanche s'est contenté de la la déposition du président Kumba Ialà et du premier ministre Mario Pires, tandis que la présidence ad intérim a été assumée par le chef d'état-major des forces armées, le colonel Verissimo Seabra Correia. “Je dis que le coup d'Etat a été indolore", précise l'évêque de Bissau, "parce que la situation est tranquille pour le moment. Il n'y a eu aucun échange de feu et personne n'a été tué."

..." Les militaires contrôlent la ville, dit-il encore, mais le climat peut être qualifié de normal: aucune réaction négative n'a été manifestée par la population. Même le premier ministre Mario Piras est tranquille chez lui, protégé par les militaires". L'ex président Ialà a regagné son habitation et a été condamné à l'arrêt forcé à domicile, après avoir été maintenu dimanche soir en état d'arrestation au quartier général de l'armée. La situation est toujours extrêmement tranquille aussi bien dans la capitale Bissau que dans les autres zones du pays. (source : misna)

Pour plus d'informations : Agence Misna

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