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22.09.03 - Refus, déception, blessures.

Le Vatican a été déçu et blessé par le refus de la Géorgie de signer un accord bilatéral et le chef de la diplomatie vaticane, Mgr Jean-Louis Tauran, a interrompu samedi 20 septembre sa visite à Tbilissi.

Un accord bilatéral avec le Saint-Siège devait accorder une reconnaissance juridique à l'Eglise catholique locale, une petite communauté catholique du pays qui rassemble moins de 2% de la population et qui se répartie entre les rites latin, arménien et chaldéen. "Je dois déplorer que le but de ma visite n'ait pu se réaliser à cause du changement d'avis, de dernière minute, des autorités géorgiennes", a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé par la représentation diplomatique du Vatican. "C'est la communauté catholique de ce pays qui souffrira principalement. Elle reste pour l'instant privée de toute garantie juridique", a-t-il souligné, l'assurant de toute la solidarité de l'Eglise de Rome.

Le communiqué exprime l'espoir que la Géorgie, "signataire d'importantes conventions internationales sur les droits de l'Homme, saura remédier à une situation aussi fâcheuse".

Dans cette déclaration, Mgr Tauran utilise alors des termes forts en affirmant que "la délégation du Saint-Siège s'est, en outre, sentie gravement blessée par l'attitude de l'Eglise orthodoxe géorgienne, laquelle a diffusé des informations qui ne correspondent pas à la vérité, alors qu'il lui a été manifesté plusieurs fois la disponibilité de l'informer du cours des tractations".

En effet, le jeudi 18 septembre, le Patriarche Ilia II, était apparu à la télévision pour dénoncer "le danger d'un tel accord pour la stabilité de la région". Il adressait un appel au président Chevardnadzé, lui demandant de renoncer à l'accord "qui donnerait au catholicisme en Géorgie le statut analogue à celui de l'Eglise orthodoxe, ce qui serait inacceptable".

" Le Vatican souhaite augmenter son influence dans notre pays. Si cet accord est approuvé, les catholiques pourront construire des églises, des écoles et des séminaires, sans limite ", déclarait également un représentant du Patriarcat, à la télévision, l'archevêque Zenone. Vendredi,

Dans le quotidien italien catholique, "Avvenire", en date du 21 septembre, le Nonce apostolique en Géorgie, Mgr Claudio Gugerotti, affirme : "Il s'agit d'un accord de principe qui n'entre pas dans les détails. Simplement, le gouvernement s'engage à reconnaître la personnalité juridique de l'Eglise catholique en Géorgie, et cela sans modifier aucune des normes législatives en vigueur".

Le vendredi 19 septembre, alors que le représentant du Saint Siège était à Tbilissi, l'Eglise orthodoxe géorgienne, qui bénéficie du statut de la religion d'Etat, avait organisé une importante manifestation pour protester contre la signature de l'accord, craignant qu'il ne favorise l'Eglise catholique. Des centaines d'étudiants ont protesté avec véhémence au Parlement contre le gouvernement " soumis au Vatican ". Les représentants du gouvernement ont tenté d'expliquer que l'accord n'affecterait en rien les intérêts de l'Eglise orthodoxe, ajoutant qu'il garantissait simplement la liberté religieuse des 50.000 catholiques vivant dans ce pays de 4.200.000 habitants. Peu après, le chef des ministres, Avtandil Dzorbednadze a annoncé à la Délégation du Vatican que le gouvernement " n'avait plus envie de signer l'accord ".

L'écrasante majorité des quelque 4 millions de Géorgiens sont orthodoxes tandis que la communauté catholique est estimée à environ 50.000 personnes. (source : vis)

Pour plus d'informations : Service de presse du Vatican

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