Infocatho



24.09.03 - France : Pour une laïcité équilibrée.

Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, a demandé de "ne pas toucher à l'équilibre fragile" de la laïcité française, lors de son audition le mardi 23 septembre devant la commission indépendante sur la laïcité.

Auditionné par la "commission Stasi" mis en place par le gouvernement français pour aborder la question brûlante la laïcité dans ce pays, Mgr Lustiger a estimé que mettre en cause ce "socle de compromis historique" serait "remettre en cause de façon imprévisible un équilibre juridique, social, symbolique, un équilibre fragile qui pourtant constitue le visage de la France d'aujourd'hui".

A ses yeux, la laïcité est "un état de fait stable", une "construction jurisprudentielle" à laquelle toucher aujourd'hui peut devenir un risque dommageable. Ce compromis à la française est une laïcité apaisée. Ce que provoque aujourd'hui la vague d'immigration sans précédent est en provenance en majorité d'un maghreb islamisé. En fait c'est un problème d'identité :"Qu'est-ce que la République ? Quelle est notre nation ? Quelle est notre culture ?" Et de constater "La culture française a la céractéristique d'être intégrationniste et on met cela sur le compte de la laïcité." Au fond c'est bien un problème d'identité plus que de laïcité ou de religion. Et de donner son exemple personnel de fils d'immigré juifs polonais.

"Devant l'islam "l'Etat est déboussolé, désorienté." Mais l'intégration de l'islam ne se fera "certainement pas en appliquant de force le processus bi-séculaire par lequel d'autres religions déjà présentes en France sont passées. "... "L'islam seul, les musulmans seuls réformeront l'islam", estime-t-il. Et d'ajouter : "Notre pays doit leur fournir les conditions de ce changement s'ils le veulent".

Il s'est prononcé contre une loi interdisant le voile islamique à l'école en estimant qu'il fallait "garder le sens de la mesure". Rappelant que le ministre de l'Education nationale du Front populaire, Jean Zay, avait interdit par circulaire le port d'insignes religieux ou politiques dans les lycées, il a estimé que "si le ministre de l'Education nationale estime qu'il y a trouble à l'ordre public, qu'il fasse comme Jean Zay".

Mgr Lustiger s'est également montré défavorable à un Conseil des religions, un haut -conseil de la laïcité. "Pourquoi faire et pour y mettre qui ?". Il se met ainsi en contre de la proposition de la Fédération protestante de France qui en demandait la création. Le cardinal ne peut accepter que ce soit elle "qui déterminera ce qu'est une religion." Interrogé sur l'obligation pour les élèves d'Alsace-Moselle de suivre l'enseignement religieux sauf à demander une dérogation, il a répondu que cette disposition relevant du statut concordataire appliqué dans ces départements devait "être traitée politiquement".

Sur la laïcité, le cardinal Lustiger a été rejoont par Jean Kahn, le président du Consistoire central israélite de France, qui d'ailleurs fait remarquer qu'il s'opposait au port de la kippa dans les établissements publics :"Il y a des écoles religieuses pour cela", a-t-il expliqué. Le ministre délégué à la ville, Jean-Louis Borloo n'était pas loin, lui non plus des positions de l'archevêque de Paris, en affirmant : la France est une république laïque "lais aussi une République sociale qui doit assurer à chacun des chances égales d'intégration.".(source : cef)

Pour plus d'informations : Conférence des évêques de France

Retour