06.10.03
- L'Afrique demande pardon à l'Afrique.
En visitant l'île de Gorée lors de leur symposium au Sénégal,
150 évêques africains ont voulu "rappeler au monde la mémoire de ceux
dont on a nié la dignité d'hommes et de femmes et qui ont été traités
en marchandises.
Réunis sur l'île de Gorée, qui a été pendant trois siècles l'un des
centres de la traite négrière, les 150 évêques africains participant
au Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar
(SCEAM), qui a débuté mercredi à Dakar, ont entamé une "cérémonie du
pardon", qui a commencé dimanche matin avec une visite de la "Maison
des esclaves" de l'île, suivie du chemin de croix.
Dans cette île, symbole de la traite négrière, pardon à l'Afrique
pour la responsabilité du peuple africain dans la Traite des esclaves,
ils ont demandé un "pardon de l'Afrique à l'Afrique". "Le peuple noir
doit aussi demander pardon pour avoir contribué à l'essor de l'esclavage.
Il est établi que des Africains ont facilité la capture de certains
esclaves", a expliqué à la presse le P. Patrice Coly, de la cathédrale
de Dakar. L'origine est à trouver surtout dans les conflits ethniques
en Afrique.
"Nous avouons ces fautes graves et nous mettons à genoux pour demander
pardon. Ces pêchés, (...) exigent aujourd'hui, une fois pardonnés, que
l'Eglise catholique dont nous répondons en Afrique mette 'dix fois plus
d'ardeur' à redresser la mentalité mauvaise qui a résulté de cette histoire
et qui l'a permise", ont lu trois évêques représentant le SCEAM.
""Le péché contre l’homme noir n’est pas simplement dans le
passé", a déclaré également à Gorée
Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, président du SCEAM, dans son discours
sur "la purification de la mémoire" . "Il est aussi actuel, a-t-il
souligné. Nous continuons de le perpétuer sous d’autres formes
et dans plusieurs domaines : en vendant et en achetant nos frères et
sœurs, en entretenant la haine et la volonté de revanche, en épousant
la mentalité de défaite et d’impuissance, le complexe d’infériorité
de l’homme noir."
..." Nous condamnons et vous invitons, surtout vous les dirigeants
de nos pays, à condamner les nouvelles formes de traite et d’esclavage
que sont la déportation de nos filles pour la prostitution, le tourisme
dit sexuel, le commerce d’enfants, l’enrôlement de force de nos enfants
et adolescents dans des guerres fratricides, néo-coloniales et de pillage
des richesses des sous-sols africains. De même, nous condamnons et invitons
à condamner toute forme d’exclusion ethniciste, tribaliste et régionaliste
qui mine dangereusement nos sociétés."
Samedi, un document du SCEAM avait assimilé la traite négrière à "un
des actes les plus odieux (...) de l'histoire humaine, aussi bien par
ses dimensions de dégâts humains que par les mentalités et les comportements
qui l'ont permise." "Parmi (eux), nous inscrivons en premier, pour notre
part, les mentalités et comportements de nous-mêmes, Nègres", avait
établi cette contribution, intitulée "Poids de l'Histoire sur la race
noire et pastorale de l'Eglise d'Afrique", rédigée par le le secrétaire
général de la Conférence épiscopale régionale de l'Afrique de l'Ouest
francophone (CERAO), le P. Barthélémy Adoukonou.
Les évêques africains ont reçu le soutien de leurs collègues
des Etats-Unis, en particulier des évêques d'origine africaine
dont une délégation participe à la rencontre de Dakar. "Nous, vos frères
évêques des Etats-Unis, descendants d'Afrique et membres de l'humanité
blessée, nous joignons à vous dans votre quête de pardon et de réconciliation
pour le rôle par l'Afrique dans la déshumanisation et la mort de ses
propres enfants", selon la déclaration de Mgr John H. Ricard,
évêque de Pensacola en Floride. (source : sceam)
Pour plus d'informations : SCEAM
Retour
|