10.10.03
- Les décisions du SECAM soulèvent des critiques.
Les dirigeants de l'Eglise catholique en Afrique s'investissent
de plus en plus dans la lutte contre le sida? mais, fidèles à la position
du Vatican, ne veulent toujours pas, officiellement, du préservatif
comme moyen de prévention.
L'assemblée triennale des évêques d'Afrique a consacré deux jours de
travaux au sida. L'Afrique subsaharienne, région la plus touchée du
monde avec 30 des 42 millions de personnes infectées, vit "une véritable
catastrophe". Pour autant, "Nous ne défendons pas l'utilisation des
préservatifs; nous menons campagne contre cela" déclare l'archevêque
de Lagos, Mgr Anthony Okogie. "Le recours au préservatif comme moyen
de prévention contre le sida ne peut qu'encourager le vagabondage sexuel",
affirme Mgr Dominique Bulamatari, évêque de Kinshasa.
Le coordonnateur national de l'Alliance nigériane contre le sida, Farouk
Mohammed, affirme observer depuis l'année dernière un certain assouplissement
de la "position rigide de l'Eglise catholique" en la matière. "Sauf
l'utilisation du préservatif, à laquelle elle est toujours opposée,
elle est impliquée dans la sensibilisation et la mobilisation de ses
membres. Elle (les) a même encouragés à participer à des rassemblements,
des séminaires, sur le danger de la maladie", ajoute-t-il.
Pourtant, des avis divergents sur le préservatif, certes rares, existent
au sein de la communauté catholique africaine et sont très appréciés
par la population, qui y retrouve une adéquation avec les réalités de
la vie quotidienne. Ainsi, le P. Alexandre Mbengue, qui participe aux
travaux de l'assemblée, pense que "si l'abstinence parfaite n'est
pas possible" dans le cas d'un couple marié dont l'un des conjoints
est séropositif, "il vaut mieux utiliser un moyen artificiel que de
donner la mort. Ce n'est pas la position officielle de l'Eglise - qui
est constante - mais je le dis personnellement, au nom du bon sens".
Pour le P. Joseph Mpundu, responsable d'une association engagée dans
la lutte contre le fléau en République démocratique du Congo, "le sida
est une réalité vivante". "On ne doit pas se voiler les yeux. Le préservatif
est un des moyens de lutte pour arrêter sa progression". Au Gabon, l'Eglise
catholique "est dans la ligne du Vatican, mais ne condmane pas le préservatif",
assure le P. Jean Kazadi, secrétaire de l'Association des conférences
épiscopales de la région d'Afrique centrale (ACERAC).
En Centrafrique, l'Eglise préconise fidélité et abstinence, mais n'exclut
pas le préservatif pour les célibataires et les personnes séropositives.
"Le préservatif est au plus un pis-aller, un moindre mal, ce n'est pas
du tout la solution", tempère l'évêque de Port-Louis, Mgr Maurice Piat,
précisant que "le discours de l'Eglise n'est pas sur le préservatif,
mais sur l'urgence de lutter contre le sida". Lutter contre le sida
"non pas avec du caoutchouc", précise-t-il, "mais avec des ressources
humaines, c'est-à-dire "en faisant jouer les ressorts les plus nobles
de l'homme et de la femme", notamment à travers "une éducation sexuelle
et affective qui réelle et valable." (source : secam)
Pour plus d'informations : SECAM
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