08.10.03
- Ni euthanasie, ni acharnement thérapeutique.
Le drame de la mort de Vincent Humbert et de la
volonté de sa mère pour le conduite à sa tragique
issue, ont provoqué une grande émotion en France.
Le président
des évêques de France, Mgr Jean-Pierre Ricard, apporte
le point de vue de l'Eglise dans une communiqué qu'il vient de
publier : "Chacun pressent l’ampleur de leur épreuve, en cette
situation marquée par de si lourds handicaps et une totale dépendance.
Ni les circonstances particulières de ce drame ni l’aide qui aurait
pu être apportée à ces personnes en détresse n’ont fait l’objet d’une
grande attention, à la différence de la demande de mourir du jeune homme
qui a été si largement commentée."
" Il y aurait aussi beaucoup à dire sur les répercussions de tout
cela sur les personnes atteintes de handicaps semblables à ceux du jeune
Vincent. Le débat public soulevé par ces événements s’est concentré
sur la question d’une acceptation par la société de l’euthanasie. Une
fois de plus, des voix s’élèvent pour demander que soient reconnues
des exceptions à la loi qui réprouve toute forme d’homicide. La position
de l’Église catholique est constante à ce sujet : la valeur de l’interdit
du meurtre demeure fondatrice."
" Le Conseil permanent des évêques de France le réaffirmait en
1991 : « L’homme n’a pas à provoquer délibérément la mort de son semblable
; cela dépasse son pouvoir. "Tu ne tueras pas" (Ex 20, 13) demeure une
exigence morale inéluctable, et, pour le croyant, un commandement de
Dieu. L’acceptation, plus même, la légitimation de l’euthanasie, ne
seraient pas un progrès mais une grave régression pour notre société.
»
" Tout en demeurant clairement attachée à l’interdiction de toute
forme d’homicide, l’Église catholique s’est également toujours prononcée
pour un soin raisonnable et humain, qui n’implique aucunement l’obligation
de maintenir la vie à tout prix. La déclaration du Conseil permanent
de 1991 le rappelait en ces termes : « Tout homme a le droit et a le
devoir, en cas de maladie grave, de recevoir les soins nécessaires pour
conserver la vie et la santé."
" Mais un tel devoir n’implique pas pour lui le recours à des moyens
thérapeutiques inutiles, disproportionnés ou imposant une charge qu’il
jugerait extrême pour lui-même ou pour autrui. […] Il est légitime de
s’abstenir des traitements qui apporteraient peu de bénéfices au regard
des désagréments, des contraintes, des effets nocifs ou des privations
qu’ils entraîneraient. On pourra interrompre ces traitements lorsque
les résultats en seront décevants. Un juste respect de la vie humaine
n’exige pas davantage. »
"Le pape Jean Paul II affirmait à son tour cette position en 1995
: « Le renoncement à des moyens extraordinaires ou disproportionnés
n’est pas équivalent au suicide ou à l’euthanasie ; il traduit plutôt
l’acceptation de la condition humaine devant la mort. »
" Aujourd’hui la confusion entre mort délibérément provoquée et
légitime interruption de traitement est extrême, y compris dans certains
milieux médicaux. Cette confusion ne facilite pas le nécessaire discernement
éthique. Il est par conséquent devenu capital pour notre société de
s’interroger sur les fonctions de la médecine, de façon à donner aux
médecins des indications suffisamment claires sur les limites de leur
mission. L’enjeu est de taille pour notre société. Il s’agit d’offrir
à tous une médecine à visage humain et respectueuse de la volonté du
malade tout en garantissant le respect intangible de l’interdit de l’homicide."
(source : cef)
Pour plus d'informations : Conférence
des évêques de France
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