08.11.03
- Une communication réelle et signifiante.
L'information est bien plus qu'une marchandise; les médias qui la
véhiculent ont dépassé le stade de "miroir ou de témoin du monde" pour
passer à celui "d'acteurs agissants de l'Histoire".
C'est dans le but de mieux comprendre le fonctionnement des médias pour
travailler davantage avec eux que le Centre Catholique International
de Genève (CCIG) a mis sur pied du 3 au 5 novembre sa traditionnelle
session d'automne de formation aux réalités internationales. Une vingtaine
de représentants des Organisations Internationales Catholiques (OIC),
soit le tiers des membres de la Conférence des OIC, accrédités notamment
auprès des Nations-Unies, ont été interpellés par le modérateur de la
session, Gérald Sapey, ancien directeur de la Radio Suisse Romande et
rédacteur en chef de la "Tribune de Genève".
La société civile et les ONG en particulier doivent apprendre à communiquer
avec les médias, leur a-t-il dit. Et de rappeler que les OIC et ceux
qui les animent doivent savoir qu'indépendamment des grands sujets qui
mobilisent nécessairement les journalistes, "seule une information qui
revêt un caractère événementiel ou qui reflète une réalité émotionnelle
et humaine a de réelles chances de retenir l'attention des médias".
Il a constaté le manque de visibilité médiatique des OIC et leur difficulté
à faire passer leurs messages dans les médias.
Les participants ont cependant découvert, grâce notamment au journaliste
belge Frédéric Antoine, professeur de journalisme et d'analyse des médias
à l'Université catholique de Louvain, que leurs organisations ne sont
pas les seules à souffrir d'un déficit d'image ou de problèmes de communication.
Les Eglises aussi sont "déphasées" dans le domaine de la communication,
a-t-il lancé dans un exposé quelque peu "provocateur" intitulé
"Le Grand Malentendu: L'Eglise a-t-elle perdu la culture et les médias?".
Le professeur Fédéric Antoine a démontré le "déphasage" existant entre
la communication des Eglises et ce que les fidèles sont en mesure de
comprendre. Pour lui, les Eglises n'ont pas encore saisi le véritable
rôle que jouent les médias dans la société contemporaine. Elles n'ont
pas compris que leur langage, les images employées, les références auxquelles
elles font appel ne sont plus de notre temps et que, par conséquent,
la parole de Dieu ne résonne plus vraiment aux oreilles des fidèles.
Certes, estime-t-il, les Eglises ont réussi à instrumentaliser les médias,
ce qui ne signifie pas que maîtriser les outils de la communication
suffit à communiquer. Ainsi, Eglises et fidèles vivent dans l'illusion
de la communication et non dans une communication réelle et signifiante.
Directeur de la revue jésuite "Choisir" à Genève, le Père Albert Longchamp
a également posé la question de l'adéquation entre la communication
de l'Eglise catholique et le décodage demandé aux fidèles. Dans son
exposé intitulé "Exigences morales et doctrinales de l'Eglise face aux
médias, ce journaliste catholique de grande expérience, a montré
comment, au cours du temps, on est passé du discours ecclésial le plus
obscurantiste et le plus réactionnaire à une attitude plus libérale
et plus intelligente. On a peu à peu compris que l'information n'est
pas la prédication, ni le magistère.
Mais l'autonomie des médias, et de ceux qui les font, gêne encore trop
souvent la hiérarchie. Beaucoup souhaiteraient que les journalistes
demeurent les "haut-parleurs" de l'Eglise. Or, l'Eglise doit admettre
que deux composantes majeures sont indissociables du fonctionnement
des médias en pays démocratiques : la liberté et la vérité sans lesquelles
il n'est pas de démocratie réelle. (source : apic)
Pour plus d'informations : Agence
APIC
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