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12.11.03 - Ethiopie : Une frontière discutée.

Les propositions de la Commission indépendante chargée de tracer la frontière entre l'Ethiopie et l'Erythrée risquent de créer un climat d'insécurité et d'instabilité le long de la frontière.

C'est ce que soutient l'évêque catholique d'Adigrat (région éthiopienne du Tigray), Mgr Tesfay Medhin, dans une lettre ouverte envoyée à la mission des Nations Unies dans les deux pays de la Corne d'Afrique (UNMEE), à laquelle fait référence le "Jesuit refugee service" (JRS), le service des Jésuites pour les réfugiés. Dans cette lettre, il déplore le fait que la population locale n'ait pas été consultée ou prise en considération au cours du processus de démarcation et que les "résultats arbitraires" et les propositions pourraient avoir un "effet dévastant" sur les communautés.

"Plusieurs zones de démarcation proposées le long de la frontière", écrit monseigneur Medhin, "violent de façon évidente leur histoire (des habitants de la région, ndlr) et leurs droits légitimes. La justice semble donc avoir été reléguée dans l'oubli. Il est absolument inconcevable que leur identité sociale, économique, culturelle, éducative, religieuse et les infrastructures sanitaires soient supprimées".

L'évêque a également protesté car les frontières actuellement prévues provoqueraient des dommages économiques: "De la part de la Commission pour les frontières", écrit-il encore, "proposer des mesures si draconiennes est le chemin le plus évident pour poser des mines qui exploseront dans le futur".

La Commission indépendante pour la démarcation des frontières est un organisme autonome siégeant à La Haye établi par les accords d'Alger, signés en décembre 2000 pour mettre fin à un sanglant conflit qui a duré deux ans et demi entre Asmara et Addis Abeba, ayant coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et provoqué plus d'un million d'évacués. Après avoir renvoyé à plusieurs reprises le début des travaux de démarcation de la frontière (environ 1.000 kilomètres) à cause des tensions entre les deux pays, la commission a suspendu pour une durée indéterminée cette opération.

De même le Service des Jésuites pour les réfugiés, le JRS, de l'Ethiopie, qui a accompagné de nombreux réfugiés de guerre, est préoccupé par les propositions de la Commission. "Malgré le fait que les deux parties aient accepté de s'en tenir aux décisions, si celles-ci sont considérées comme très injustes par les populations locales, alors la paix sera impossible. Il en est ainsi actuellement", lit-on dans leur bulletin.

"Le premier ministre de l'Ethiopie", souligne encore le JRS, " a dit qu'il ne fera pas la guerre mais les incidents locaux peuvent s'intensifier et pousser les habitants à entreprendre des actions allant au-delà de ce qu'ils souhaiteraient. Une autre guerre comme la précédente serait un véritable désastre". Au cours de ces derniers mois la préoccupation de la communauté internationale s'est accrue face au climat de tension qui perdure entre l'Ethiopie et l'Erythrée, qui n'ont pas encore normalisées leurs rapports diplomatiques. (source : misna)

Pour plus d'informations : Agence Misna

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